Comment Wojo secoue l’immobilier d’entreprise

Vous êtes aux manettes de Wojo depuis deux ans et demi, mais vous aviez pressenti avant cela l’évolution des modes de travail…

J’y croyais déjà avant et j’y crois encore plus aujourd’hui. Wojo a été créé par Bouygues Immobilier en 2015, sous la marque Nextdoor. En 2017, Bouygues Immobilier et Accor se sont associés à 50-50 au capital. Début 2019, Nextdoor est devenu Wojo et a accéléré son développement, avec l’ambition d’être un des leaders du coworking en Europe. Son offre a été structurée autour de trois types d’espaces de travail : coworking, bureaux, salles de réunion et espaces événementiels. Tous accessibles, au choix, dans l’un des 14 sites en France et en Espagne ou au sein du réseau de 400 tiers lieux Wojo, notamment dans des hôtels du groupe Accor. Nous accélérons le déploiement de ces espaces pour permettre à chacun de travailler à moins de dix minutes de l’endroit où il se trouve. Les nouvelles organisations de travail ne sont pas encore stabilisées, on ne sait pas encore tout ce que la crise va engendrer. Deux tiers des entreprises n’ont pas encore fixé de règles sur le nombre de jours de présence en entreprise, sur la mise en place de flex office ou non. J’ai toutefois la conviction que les choses ne seront plus comme avant. Les salariés veulent aujourd’hui redonner du sens à leur travail.

 

Le coworking demande une certaine ouverture d’esprit. Les dirigeants sont-ils prêts ?

Ce qui va les motiver, ce sont les enjeux financiers, environnementaux et ceux concernant leur « marque employeur ». Ils souhaitent rationaliser les bureaux pour ne plus avoir de mètres carrés inoccupés, alléger l’impact environnemental de leur immobilier et générer de l’attractivité pour attirer et conserver les collaborateurs. L’entreprise doit accepter qu’un collaborateur puisse aller vivre en province et lui donner les moyens de travailler à l’extérieur de son domicile pour éviter l’enfermement et maintenir le lien social. Elle doit aussi assurer le collectif. C’est en cela que les espaces de coworking peuvent être adaptés.

 

Les années à venir vont être passionnantes, avec des tiers lieux qui vont rivaliser d’inventivité. Comment pensez-vous que cela puisse inspirer le bureau traditionnel ?

Le bureau traditionnel a atteint ses limites pour trois raisons. D’une part, il est mono-localisé. Tout le monde ne vit pas à proximité de son bureau et celui-ci doit se réinventer pour se rapprocher du lieu de vie des collaborateurs. Par ailleurs, le bureau à l’ancienne est « mono-culture » : on n’y rencontre que ses collègues. Aujourd’hui, les salariés ont une vraie volonté de redonner du sens à leur travail et de s’ouvrir à d’autres personnes, d’autres entreprises, pour partager et s’enrichir à leurs côtés. Chez Wojo, nos membres se côtoient, échangent entre eux. Je vois du business se faire entre membres de la communauté, il y a un vrai brassage qui multiple les échanges. Enfin, en coworking, il existe un aspect dont peut s’inspirer le bureau traditionnel : celui de la qualité de vie au travail et des services. Ces derniers sont très développés chez Wojo : quand vous entrez, vous êtes accueilli au bar, on vous fait patienter avec un café, il y a des espaces de travail collectifs, des espaces de conférences… C’est une tout autre expérience qui n’a pas encore atteint le bureau traditionnel.

 

Comment boostez-vous les usages ?

Le flex office et les immeubles de bureaux partagés sont des solutions à la rigidité de l’immobilier traditionnel et du bail 3-6-9[1]. Récemment, une entreprise de 40 collaborateurs, que je connais, a résilié son bail et quitté les 500 m2 qu’elle louait. Contrainte de réduire ses charges fixes, elle a décidé de louer des bureaux privatifs et de limiter le nombre de postes fixes à 25. Le télétravail, la réduction de l’empreinte immobilière et le passage à une solution de bureaux flexibles génèrent 30 à 50 % d’économies. De plus, certaines entreprises ont fait le choix, ou y ont été contraintes, de résilier leur bail pendant le confinement. Privées de locaux communs, et pour lutter contre l’affaiblissement de la dynamique collective, ces entreprises privatisent désormais des salles de réunion pour un, deux ou trois jours par mois : des journées de présentiel qui leur permettent de conserver le lien humain entre les équipes. Enfin, le coworking en complément du siège social est aussi une solution pour optimiser la « qualité de vie au télétravail » des collaborateurs de grands groupes. Des abonnements de coworking sont proposés pour permettre aux collaborateurs de travailler dans la configuration de leur choix, à proximité de leur domicile.

 

Quelles sont vos pistes de développement ?

Nous ambitionnons de nous déployer en Europe et d’aller plus loin sur le développement de notre offre. Nous souhaitons notamment mettre en place un nouveau format en nous adressant aux propriétaires ou aux locataires d’immeubles, en leur proposant de nous confier leurs espaces inoccupés pour les commercialiser et ainsi réduire leur facture. Nous souhaitons également aller plus loin sur le mixed-use, en développant les espaces de coworking au sein des hôtels. Notre ambition : 2/3 de chambres et 1/3 de bureaux dans le même bâtiment avec des services communs qui pourraient être partagés. L’idée est de pouvoir proposer des solutions à des entreprises qui cherchent à être un peu partout en France. Par exemple, une entreprise qui a une succursale à Bourges peut bénéficier des espaces du Mercure ou du Novotel de Bourges et y installer des bureaux privatifs. Nous souhaitons également trouver de nouveaux partenaires, développer de nouvelles animations. Nous cherchons actuellement une proposition de valeur pour monter des événements, à la demande de nos membres. Et je suis certain qu’il y a d’autres choses à créer que l’on n’a pas encore identifiées.

 

 

 

L’utilité du bureau en quatre problématiques

La réflexion des entreprises porte désormais sur le moyen de concilier :

  • un coût immobilier qui ne mette pas l’entreprise en péril,
  • des bureaux capables de s’adapter aux besoins de l’entreprise en temps réel,
  • une organisation du travail suffisamment agile pour faire perdurer l’activité sans heurts en cas de crise,
  • les attentes de leurs collaborateurs, qui ne cherchent plus seulement un espace pour travailler, mais des lieux hybrides qui contribuent à leur épanouissement.

 

 

Hyper-adaptabilité

Wojo se met à la disposition des entreprises qui souhaitent construire une organisation du travail dans laquelle le bureau s’adapte à leurs besoins, et non l’inverse. Le principe ? Construire la semaine idéale de travail, en définissant le bon dosage entre trois types d’espaces, sur la base d’offres à la carte, ou sur abonnement…

  • Wojo Coworking : des espaces de travail partagés au niveau de qualité garanti, partout en France.
  • Wojo Office : des bureaux privatifs personnalisables, mono- ou multi-sites, et dont le nombre de postes est révisable à la hausse comme à la baisse.
  • Wojo Meeting : des salles de réunion et de séminaire réservables à l’heure ou à la journée.

 

 

SONDAGE

L’ère du bureau à la carte, scénario abstrait, devient plus que réaliste

  • Pour un salarié sur trois, les lieux de travail doivent profondément changer et proposer de nouveaux espaces, plus attrayants, plus diversifiés, mixant postes de travail individuels, open spaces, lieux où s’isoler pour se concentrer et d’autres, plus conviviaux pour échanger, se détendre…
  • Pour 26 % des salariés de moins de 35 ans, les bureaux devraient aussi être pourvus d’espaces propices aux échanges, afin de recréer du lien social et de « compenser » la solitude causée par le télétravail.
  • Si demain, ils pouvaient travailler trois jours à distance et venir au bureau deux jours par semaine, 62 % des moins de 35 ans et presque un salarié sur deux envisageraient de déménager pour améliorer leur qualité de vie.
  • Pour 56 % des salariés et 60 % des moins de 35 ans, il y aura dans un futur proche des bureaux « à la carte ». En fonction de sa journée de travail, on choisira la ville, la localisation précise de son lieu de travail, sa plage horaire de présence…
  • Pour 70 % des salariés, ces nouveaux espaces de travail donnent une autre vision du management de l’entreprise, plus participatif, réellement préoccupé du bien-être et de l’épanouissement du salarié.

 

Selon une étude OpinionWay pour Wojo, menée auprès de 1 210 personnes.

[1] Bail commercial permettant la mise à disposition de locaux commerciaux, d’un bailleur à un preneur. Il contient une clause précisant que la résiliation du bail peut avoir lieu tous les trois, six ou neuf an

Nourritures terrestres et spirituelles …

La musique, d’une manière générale, est protectrice contre le stress et aurait même un impact favorable sur notre immunité… Une étude de 2013 menée par l’équipe du Pr Daniel Levitin montre que la musique diminue le taux de cortisol, l’hormone du stress, et augmente le taux d’immunoglobulines A, un anticorps orienté vers la défense des muqueuses. Par ailleurs, une étude menée en Allemagne, publiée dans la revue scientifique Deutsches Ärzteblatt International, révèle, là aussi, une diminution du taux de cortisol et, en plus, une baisse de la pression artérielle. À noter que la baisse du taux de cortisol était plus importante chez les hommes que chez les femmes, ce qui laisse penser que ceux-là seraient plus sensibles aux airs classiques…

L’art et donc les musées seraient également protecteurs…

Des chercheurs de l’Université de Bologne [Italie] ont demandé à une centaine de volontaires de visiter le sanctuaire de Vicoforte, où il est possible d’observer de magnifiques peintures de la Renaissance, ainsi qu’une gigantesque fresque baroque de 6 302 m² peinte sous sa coupole. Les participants ont été soumis à un test salivaire, avant et après la visite, afin de mesurer leur taux de cortisol, principale hormone du stress.

À la fin de l’expérience, les chercheurs ont observé une baisse de 60 % environ du taux de cortisol dans le sang. En outre, 90 % des volontaires déclaraient « se sentir beaucoup mieux » après la visite de deux heures. « Les bienfaits de l’art-thérapie sont déjà connus depuis plusieurs années. Mais c’est la première fois que l’on peut vraiment quantifier l’impact d’une œuvre d’art sur le niveau de stress d’une personne », précise le Pr. Enzo Grossi, principal auteur de ces travaux.

C’est ce qui explique qu’au Canada, pour les patients stressés, des visites de musée sont prescrites par des médecins et remboursées !

La lecture agit, elle aussi, de manière bénéfique…

Une étude menée par des chercheurs de l’Université du Sussex montre que la lecture est un moyen très efficace de diminuer le stress puisqu’elle le fait baisser de 68 %. Selon le Dr David Lewis, « il suffit de six minutes de lecture en silence pour que le rythme cardiaque soit calmé et que les tensions accumulées se démêlent ».

Dans le contexte actuel, se protéger des effets du stress est doublement intéressant. C’est ce qui explique l’intérêt d’une initiative lancée en Grande-Bretagne. Il s’agit de « prescriptions sociales » d’activités culturelles et sportives financées par le gouvernement, car utiles pour lutter contre les impacts psychiques de la pandémie de Covid-19.

Travailler depuis des lieux culturels, c’est possible !

On pourrait la qualifier de « visionnaire » tant elle avait anticipé les chamboulements du monde du travail. Tout commence il y a trois ans, lorsque Sandra Giovannetti prend part à une réunion dans la cafétéria de l’Opéra Garnier, à Paris, avec son équipe. « Travailler dans cet espace chargé d’histoire et de création nous avait complètement redynamisés, rendus plus productifs », se souvient-elle. Cette architecte de formation décide de transformer cette « révélation » en projet professionnel. C’est le début de la start-up Be My Space, qu’elle définit comme « un pont entre le monde des arts et celui de l’entreprise », avec l’objectif de proposer des espaces de travail inspirants et authentiques aux salariés.

 

Lieux « désirables »

 

« Ce sont des espaces qui nous racontent des histoires, des lieux où le temps n’existe pas. Ils sont proches de chez nous, proches de notre entreprise. Vous les connaissez peut-être de nom, vous en avez parfois rêvé… », peut-on lire sur le site Internet de la start-up, lauréate du premier incubateur estampillé « Patrimoine » du Centre des monuments nationaux.

 

Musées, ateliers d’artistes, châteaux du Moyen-Âge… Les salariés d’une entreprise peuvent désormais évoluer dans ce que la fondatrice appelle des « lieux désirables » : « L’être humain fonctionne au plaisir, et l’espace de travail peut aider à répondre à la question du bien-être », assure-t-elle. D’autant que la crise liée au Covid-19 a été un accélérateur sans précédent des mutations du travail dans l’entreprise. Selon une enquête publiée en juin 2020 par l’association des DRH et le Boston Consulting Group, 85 % des directeurs des ressources humaines souhaitent développer le télétravail au sein de leur entreprise de façon pérenne. L’étude indique toutefois que le futur de cette pratique sera hybride, mêlant présentiel et télétravail.

 

Sandra Giovannetti va plus loin. Pour cette passionnée d’arts et d’architecture, l’organisation du temps de travail pourrait désormais être répartie selon trois types de lieux : le siège, le domicile et un lieu « hybride ». « Les entreprises et les salariés ont passé un cap psychologique. On se dirige vers de nouveaux modèles, avec des budgets associés, explique-t-elle. Le travail en présentiel est indispensable, car c’est le moment où l’on se rencontre, où l’on échange. Mais rencontrer un collègue dans un bureau ou dans un lieu qui fait partie du patrimoine, qui a un vrai pouvoir de séduction et de satisfaction, c’est différent. Les individus auront déjà en commun le fait d’avoir choisi cet espace, ce qui créera deux fois plus de raisons de parvenir à dialoguer.»

 

Stratégie « gagnant-gagnant »

 

Pour choisir des lieux appropriés, Be My Space travaille en adéquation avec la raison d’être de l’entreprise. « J’établis d’abord une typologie des besoins avec les dirigeants et les DRH. Une fois qu’un premier tri a été effectué, les salariés peuvent aussi être questionnés. Le but est de proposer une offre sur mesure », précise l’entrepreneuse, qui mise avant tout sur des partenariats de longue durée plutôt que sur des événements ponctuels. Formations, réunions, séminaires… La start-up s’engage ainsi à proposer à l’entreprise, en lien avec son rythme et ses valeurs, un « parcours inspirant » dans des espaces hors des sentiers battus. « C’est également un moyen pour l’entreprise de se positionner en matière de RSE, de montrer qu’elle participe aussi au développement des industries culturelles », ajoute la fondatrice.

 

Une stratégie « gagnant-gagnant » qui permet aussi de faire la promotion de certains lieux culturels et de valoriser le potentiel du patrimoine, parfois oublié. Chaque mercredi matin, les élèves de Sciences Po peuvent désormais étudier à la Cité internationale des arts, dans le 4e arrondissement de Paris, qui reprend ses fonctions de galerie l’après-midi. Sandra Giovannetti a également installé des espaces de coworking éphémères dans l’orangerie de l’hôtel de Sully, siège du Centre des monuments nationaux, situé dans le quartier du Marais.

 

Le Grand Entretien : Julie Walbaum, CEO de « Maisons du Monde »

Vous dirigez Maisons du monde depuis juillet 2018. Que signifie le « management inclusif » pratiqué par votre entreprise ?

 

Un management inclusif repose avant tout sur une entreprise à l’écoute, qui sait que sa valeur vient des femmes et des hommes qui la composent, en particulier dans le secteur de la vente au détail qui est le sien. La diversité est une force, et de là vient la plus grande performance de Maisons du monde, une entreprise très féminine : deux tiers de nos collaborateurs sont des femmes, celles-ci dirigent trois quarts des magasins et constituent la moitié du comité exécutif. L’entreprise souhaite comprendre et incarner au quotidien la richesse de la diversité. C’est une responsabilité de tous les jours et de chacun que de promouvoir et de préserver celle-ci.

 

Auparavant, vous étiez la directrice digital et marketing client de l’entreprise. Pourquoi vous êtes-vous portée candidate à ce poste et qu’est-ce qui a fait la différence, selon vous ?

 

Je connaissais Maisons du monde depuis 2014. Le numérique faisant partie de son évolution depuis de nombreuses années, on voyait bien l’accélération du modèle dans ce sens. J’ai donc participé à l’introduction en Bourse de l’entreprise, en 2016, aux côtés du directeur général de l’époque. En 2018, alors que j’avais trois enfants en bas âge, ce n’était pas un choix évident, mais j’avais un projet pour Maisons du monde. Cette entreprise était tellement attachante, avec des femmes et des hommes très engagés, que je me suis lancée. Je pensais que je pouvais entretenir notre longueur d’avance sur le digital. Je souhaitais aussi faire évoluer certains pans de l’organisation, par exemple, donner un nouvel élan à l’offre, poursuivre la croissance rentable, en y combinant plus de « responsabilité ».

 

L’emploi du temps d’une DG est dense. Avez-vous mesuré les contraintes, les obligations quand vous avez candidaté à ce poste, en tant que mère de famille habitant à Paris et non à Nantes, où se situe le siège ?

 

Je crois que l’on ne mesure jamais toutes les données avant d’y arriver… Surtout dans un secteur qui se transforme rapidement et dans un contexte macroéconomique qui a tout de même bougé ces derniers temps. Je crois aussi que, dans la vie, il faut réfléchir… mais pas trop. Je me suis fiée à mon intuition. Pour prendre ce type de responsabilités, cela demande beaucoup d’engagement : il faut avoir un projet et qu’il vous passionne. J’ai pu me lancer dans cette aventure, car mon mari, qui a lui aussi une carrière très remplie, a su et voulu réorienter ses responsabilités au sein de notre famille. Il s’est organisé dans un périmètre plus local, il a moins voyagé. Et cela a finalement enrichi notre expérience familiale.

 

La famille reste votre priorité…

 

Oui, mon mari et moi-même nous sommes donné quelques petites règles familiales. Je ne passe jamais plus de deux nuits consécutives hors de mon foyer. Chaque jour, nos enfants sont réveillés ou couchés par l’un de nous deux. Aux vacances scolaires, je prends une semaine de congé et j’encourage les membres du comité exécutif et les collaborateurs de l’entreprise à en faire de même. Vous savez, ce n’est pas très sain de créer une distinction entre le corps dirigeant et le reste des collaborateurs. C’est justement parce que ces derniers me voient avec les mêmes problématiques qu’eux, comme des réunions zoom avec mon fils de trois ans sur les genoux, que cela permet de créer une atmosphère détendue, de dire les choses quand cela ne va pas ou le contraire.

 

Vous parlez avec beaucoup de sincérité de cette répartition entre vos deux « vies ». C’est assez rare dans le monde des grands dirigeants. C’est un choix assumé ?

 

Les collaborateurs de l’entreprise se donnent beaucoup. En tant que dirigeante, je me dois, en retour, de donner du sens à leur travail et de leur accorder de la confiance. Et cela passe par une attitude transparente. J’aime beaucoup ce proverbe africain : « It takes a village to raise a child », « Il faut un village pour élever un enfant ». Cela signifie que tout le monde a un rôle à jouer dans l’aventure et que des liens authentiques, fondés sur la transparence et l’entraide autour d’une vision commune, conduisent à une culture forte et, je le crois, au succès.

 

Avez-vous dû faire face à quelques réticences ? Avez-vous senti que vous deviez faire vos preuves ?

 

Cette question m’est régulièrement posée et, étonnamment, on la pose beaucoup plus aux femmes qu’aux hommes. L’idée est d’assumer pleinement ce que l’on est, sans tomber dans les excès. Je crois que mon rôle de maman et ma vie personnelle m’aident à être une meilleure dirigeante. Car cela m’oblige à prioriser, à donner un cadre très clair aux équipes. Celles-ci doivent être efficaces parce que, moi-même, j’ai besoin d’être efficace. Cela remet aussi l’église au centre du village (toujours lui !) : quand, dans ma vie professionnelle, il m’arrive d’être tendue, la famille me rappelle la vraie valeur des choses et le sens des priorités. Enfin, il me semble important de montrer aux femmes de l’entreprise qu’il ne leur est pas nécessaire d’afficher la panoplie du super-héros dévoué à sa carrière : je gère, je n’ai aucune contrainte extraprofessionnelle, etc. La vie pour moi est faite de vases communicants. L’important est de conserver un engagement et une exigence élevés. Pour le reste, l’adaptabilité est ma meilleure amie. Moins on se met de barrières mentales sur ce que l’on peut et ne peut pas, plus on a de chances de réussir sa vie professionnelle.

 

La bonne gestion de cet équilibre pro-perso est un moteur formidable : pourquoi n’en avait-on pas conscience auparavant ?

 

Parce que le travail était vu comme une fin en soi. Pendant longtemps, on a évolué dans des valeurs masculines assez fortes : la réussite professionnelle avait une fonction statutaire importante. Ce n’était pas le cas dans toutes les sociétés européennes. En Scandinavie, par exemple, c’est tout à fait différent. On avait auparavant une vision très linéaire de la vie des gens, avec des études, un travail… Les générations actuelles nous apprennent à cultiver plus de circularité, avec plus d’équilibre entre les différents pans de notre existence. Et c’est tant mieux !

 

Les grands mots de cette année sont « flexibilité » et « agilité ». J’ai entendu dire que vous demandiez à vos collaborateurs de faire preuve d’une grande efficacité dans les réunions, mais aussi de travailler en autonomie…

 

L’autonomie est une valeur forte chez nous, car Maisons du monde est une entreprise entrepreneuriale. Notre mode de fonctionnement est « agile », dans le sens où nos salariés sont engagés dans les projets et les portent. L’année 2020 a été particulière : je n’ai pas demandé plus d’efficacité à mes équipes, car elles se sont adaptées seules. En tant que dirigeante, j’ai un devoir de vigilance avec mon comité exécutif afin de ne pas privilégier la productivité avant tout.

 

Les entreprises sont davantage des lieux moraux que physiques. Comment vous adaptez-vous ?

 

Il faut arriver à préserver et à renforcer la culture d’entreprise. Nous sommes passés à deux jours de télétravail par semaine. Nous n’avons pas souhaité aller plus loin, car le temps collectif est essentiel pour l’aspect interrelationnel, pour les espaces de liberté induits, pour favoriser la créativité, une valeur importante chez nous. Ces valeurs d’entreprise définissent le quotidien entre les équipes et le management de proximité. Le comité exécutif et moi-même réfléchissons à valoriser ces temps d’interaction, en présentiel mais aussi à distance. À l’occasion de 2020, nous avons lancé une initiative nommée les MDMTalks : le comité exécutif prend la parole auprès de l’ensemble des collaborateurs du siège et des magasins, directeurs et adjoints. On discute de l’actualité de l’entreprise, des difficultés qui sont les nôtres. On met le plus possible en lumière d’autres collaborateurs de l’entreprise. Le discours de transparence, l’échange sur la base d’un jeu de questions-réponses sont au cœur de cet exercice. Je trouve que le Covid nous a permis de cultiver des liens rapprochés avec nos collaborateurs, avec nos équipes en magasin. Quand on a 350 sites en Europe, on ne peut pas avoir la même proximité tout le temps.

 

Comment le numérique peut-il nous amener à développer toujours plus de proximité, sans se substituer à la qualité du temps physique en entreprise ?

 

Avant de prendre mes fonctions, j’ai fait durant trois mois le tour des magasins en Europe, visité plus de 70 sites, participé à 40 dîners avec des directeurs régionaux et de magasins, ce qui m’a permis de sentir le pouls de l’entreprise. Aujourd’hui encore, ces interactions me portent. J’accorde énormément d’importance à la voix de nos équipes en magasin, qui sont au contact de nos clients. À chaque événement, confinement, déconfinement, période de Noël ou autre, le comité exécutif et moi-même étions présents en magasin. C’est important d’aller cultiver le lien vivant : le numérique ne fait pas tout, loin de là.

 

Vous êtes vue sur les sites, vous privilégiez le tutoiement : la perception du PDG a-t-elle changé ?

 

La simplicité de la relation avec le management est, pour moi, la base du rapport de confiance qu’il est possible de nouer avec les collaborateurs. J’ai commencé ma carrière dans des entreprises américaines, donc, probablement, cela laisse des traces. Je tutoie tous les collaborateurs et vice versa. Je pose naturellement beaucoup de questions, car c’est en interrogeant des collaborateurs à plein de niveaux différents que je construis ma perception de ce que doit être l’entreprise de demain. Je vais au contact de façon très large. Le fait de rendre le management accessible est important, d’autant plus dans cette période. Cela passe par la communication. On doit s’appuyer sur un management de proximité pour que chacun endosse la responsabilité de donner du sens à son collaborateur. Le devoir d’exemplarité est pour cela essentiel.

 

Quels sont vos grands projets à la tête de Maisons du monde ?

 

Poursuivre la croissance et y associer plus de durabilité. Ce projet a un soubassement RH très important, car la durabilité porte un pan social et un pan environnemental. Nous sommes une marque-enseigne et nous avons une affinité très forte avec nos clients. Cette marque passe par notre offre. Nous avons donc à cœur de faire croître nos équipes de création. Au-delà du côté tendance et stylé, il faut donc miser sur la durabilité : par exemple, 68 % de notre offre en bois est certifiée. On a lancé pour la première fois du textile certifié Oeko-Tex. En une année, on a atteint 25 % de notre offre textile certifiée de la sorte. On fait la combinaison entre « aller chercher des produits qualitatifs avec un double enjeu d’expérience clients et de durabilité » et « aller chercher des matières toujours plus responsables ». Le produit reste au cœur de nos modèles. S’agissant de l’approche « omnicanal » – qui vise à multiplier les interactions avec le consommateur, à l’heure où le digital prend de plus en plus de place –, l’idée est de continuer à accélérer dans ce sens, mais en affirmant toujours l’importance du magasin, qui crée beaucoup plus de valeur qu’une simple transaction numérique. Tout l’enjeu est de faire évoluer le rôle du magasin dans un modèle omnicanal, avec une marque forte, vers un point de vente qui offre une expérience et un service.

Enfin, notre dernier pan de croissance s’appuie sur le développement des services. En 2019, nous avons pris une participation majoritaire dans Rhinov, une start-up qui fait du conseil professionnel en décoration d’intérieur, 100 % numérique. Ce sont des architectes d’intérieur : vous leur soumettez le petit quiz déco que vous avez rempli, un budget pour votre pièce, et là vous avez des planches déco réalisées par de vrais professionnels. Nous avons l’ambition de démocratiser la déco. Par les produits, bien sûr, mais aujourd’hui aussi par les services. C’est un axe de création de valeur pour nos clients, et c’est aussi une création de valeur durable, qui ne nécessite pas de produire de la matière supplémentaire.

 

Justement, vos intérêts pour les problématiques de RSE sont connus : comment sont-ils incarnés dans Maisons du monde ?

 

 

Avez-vous une feuille de route en fonction de ces engagements ?

 

Oui, s’agissant de l’offre, nous sommes concentrés sur plus d’écoconception, plus de matériaux recyclés ou durables. Plus de réparation aussi : nous avons un atelier d’ébénisterie dans nos entrepôts, avec des artisans qui réparent les produits pour éviter qu’ils ne soient jetés. Ainsi 18 000 meubles ont été remis à neuf cette année. C’est deux fois plus qu’en 2020. De même, Maisons du monde se situe dans une économie circulaire et solidaire : nous sommes l’un des premiers partenaires d’Emmaüs, à qui nous donnons des dizaines de milliers de produits à l’état neuf issus des retours de nos clients, afin de leur offrir une seconde vie.

 

Dans la thématique de la durabilité, le pôle social est important : comment les collaborateurs sont-ils associés à cet effort ?

Maisons du monde est une entreprise qui crée du profit : notre responsabilité est donc de dégager des contributions dans un système positif. Être collaborateur de Maisons du monde, c’est faire partie d’une entreprise où chaque personne compte, c’est se sentir nécessaires les uns aux autres, construire ensemble une entreprise qui ressemble à ses équipes et les rassemble, c’est avoir la liberté d’être soi-même et avoir la conscience intime d’être au bon endroit. Pour faire vivre cet esprit, notre politique RH allie une proposition adaptée à chaque étape clé du parcours des collaborateurs et des engagements sociaux forts. Nous ambitionnons de créer une école de formation et de devenir une entreprise apprenante pour tous ceux qui partagent les valeurs de la marque. Par ailleurs, Maisons du monde souhaite être un employeur de référence grâce à des engagements responsables forts. Une feuille de route a été formalisée en matière de bien-être, d’inclusion des personnes en situation de handicap et des jeunes, d’égalité hommes-femmes, de dialogue social.

 

Pour une expérience collaborateur optimale, le management de proximité est essentiel…

 

Justement, le groupe a décidé d’intégrer à sa feuille de route RSE des objectifs RH sur le renforcement du management de proximité et sur l’amélioration des conditions de travail pour les équipes. Ce plan d’action s’enrichit des retours des collaborateurs collectés lors de l’enquête sociale réalisée en septembre 2019 et renouvelée tous les deux ans. La hiérarchie présente sur place est un élément clé pour mieux accompagner les collaborateurs. Dans cette optique, la formation des cadres est essentielle. Chaque année, un plan spécial est déployé avec des modules où l’on apprend l’importance de créer des rituels managériaux ou commerciaux pour diffuser l’information et mobiliser les équipes. De même, dans un souci de proximité, les équipes ont été dimensionnées à taille « humaine », cette organisation ayant pour conséquence le renforcement du nombre de managers de proximité afin de garantir une meilleure connaissance des équipes et une amélioration de la qualité de la relation de travail.

 

J’entends une forme d’aplanissement de la hiérarchie, un management de proximité renforcé, des solutions apportées aux problématiques RSE, des avancées en matière d’inclusion : tous ces éléments contribuent-ils à construire des valeurs attrayantes pour les plus jeunes ?

 

Pour tous ! Nos valeurs d’audace, de passion, d’engagement et d’exigence sont illustrées ainsi. Notre « raison d’être » est en cours de construction, il est aujourd’hui temps de la formaliser et de lui apporter des éléments de preuve à travers des plans d’action dans tous les métiers. Nous souhaitons que cette raison d’être s’incarne et se vive au quotidien. Nous avons tous besoin de sens au travail. Aujourd’hui, plus que jamais.

 

Quelles seront les tendances QVT de demain ?

 

Le télétravail est là pour durer, même s’il l’est de façon mesurée. Nous passerons donc plus de temps à la maison. Nous chercherons également du sens dans l’activité et l’expérience professionnelle au sens large. Un nouvel équilibre devra être trouvé, entre métier et vie personnelle, entre productivité et déconnexion. Et sur le lieu de travail même, le bureau devra être repensé, les rythmes également. Le temps collectif pourrait être réservé à la création, à l’innovation et au développement des liens entre collaborateurs. La culture devra être renforcée, car ce sera le liant de la société. Les manageurs de demain devront appréhender ces réalités dans une démarche holistique 

 

 

Télétravail en coworking : est-ce possible ?

Pour retrouver le lien social qui manque tant, de plus en plus de télétravailleurs font le choix de se rendre dans des tiers lieux près de chez eux, une journée par semaine ou plus. D’abord utilisés par des freelancers et des startupers, ces espaces de coworking qui se multiplient depuis une dizaine d’années dans les centres urbains voient dans cet afflux de salariés exilés une belle perspective de croissance. Ils leur offrent un cadre agréable répondant aux normes sanitaires, ainsi qu’une atmosphère professionnelle, stimulante et conviviale où ils peuvent travailler en toute sérénité et où chaque discussion devant la machine à café avec des coworkers venus d’horizons différents est une occasion d’élargir leur réseau.

Les télétravailleurs y trouvent surtout un bureau ergonomique, privatif ou ouvert intégralement consacré à leurs tâches, ainsi que des salles de réunion et des phone boxes. Des services sont inclus dans l’abonnement, notamment la mise à disposition d’équipements bureautiques et d’une assistance technique. Grâce à cet espace hors de chez eux, les salariés peuvent renouer avec un rythme professionnel plus familier : la journée de travail y est plus productive qu’à la maison, et elle se termine par un trajet de retour qui offre un sas de décompression bienvenu avant de retrouver son foyer.

 

Bon compromis entre télétravail et ambiance d’entreprise, le coworking peut aussi être une option intéressante pour les sociétés, et ce quelle que soit leur taille. Alors que 60 % des organisations envisagent de renégocier leur bail en 3-6-9 et que 36 % comptent réduire leur surface, les espaces partagés et leurs offres flexibles pourraient être la clé de la transition vers un télétravail durable. Certes, leurs tarifs sont légèrement supérieurs à ceux de bureaux classiques, mais leurs services libèrent les entreprises de nombreuses contraintes.

Les tiers lieux ne représentent aujourd’hui que 2 % des surfaces de bureau du pays, mais ce pourcentage pourrait être décuplé dans les dix prochaines années. Leur essor permettra de redéfinir le bureau traditionnel comme un espace de collaboration et d’échange, où les salariés ne se rendraient que quelques jours par semaine, pour des activités bien précises. Le reste du temps, les espaces partagés leur permettront de travailler à distance dans de bonnes conditions et de briser la monotonie du homeworking.

 

 

Télétravail en coworking, est-ce légal ?

Rien ne permet à une entreprise de s’opposer à ce que l’un de ses employés en télétravail exerce son activité depuis un tiers lieu, à partir du moment où celui-ci répond aux normes sanitaires en vigueur. Comme à son domicile, le salarié peut bénéficier de la même prise en charge qu’en entreprise au niveau des accidents du travail, et il est couvert par son assurance responsabilité civile professionnelle pour les dommages qu’il pourrait causer à autrui. Une assurance multirisque professionnelle est conseillée pour protéger ses biens et matériels, mais elle n’est pas obligatoire.

Après l’open-space

Partant du principe qu’il est plus aisé faire bouger les gens que les espaces, le concept du multispace associe aux plateaux traditionnels des pièces plus intimistes et plus confortables où il est possible de s’isoler pour travailler en toute sérénité. C’est notamment le cas de l’écocampus Evergreen du Crédit Agricole, qui accueille près de 9000 salariés. D’autres ont fait le choix du flex office, où aucun poste n’est attitré et où les employés peuvent choisir leur place du jour.

D’autres encore vont plus loin avec le corpoworking, un espace de travail ouvert et partagé, où des salariés d’une entreprise travaillent aux côtés de free-lancers et de startupers, comme c’est notamment le cas à la Villa Bonne Nouvelle d’Orange. Des sociétés comme Deskeo ou Steelcase proposent des solutions pour adapter, reconfigurer et réinventer les bureaux. Elles concernent la réduction drastique de la densité des plateaux et la mise en place de positionnement en quinconce ou à angle droit, afin d’éviter les situations en face à face et les agencements linéaires.

Les cloisons, écrans ou paravents permettent la séparation lorsque la distanciation n’est pas possible, et des signalisations sont nécessaires pour indiquer les sens de circulation.

Par ailleurs, la participation des employés au nettoyage de leur poste avant et après usage semble primordiale. À plus long terme, la flexibilité et la fluidité devront être au centre de la conception des open spaces, avec des espaces modulables qui s’adapteront non plus au nombre d’employés, mais aux types d’activités.

 

Pour aller plus loin : Un bureau, oui mais sans contrainte

Un bureau, oui mais sans contrainte

Le constat

L’hybride est plébiscité. Un modèle combinant télétravail et présence dans un espace qui n’est désormais plus perçu comme un simple lieu de travail. Lors d’une étude menée par « Bureau à partager », un tiers des répondants a affirmé avoir changé leur vision du bureau durant le confinement, 76 % d’entre eux le percevant comme un espace de rencontres, d’échanges et de créativité. Un lieu voué à évoluer vers plus de flexibilité aussi.

Les bureaux fixes, tout comme les horaires de travail définis, n’ont plus la cote. Les postes en “flex office” ou “clean desk” viennent les détrôner. “Un tiers des sondés se disent prêts à changer de bureau en optant pour un contrat sans engagement de type coworking”, explique Cécile Peghaire, responsable communication de Bureau à partager.  Le bureau de demain est ainsi partout et nulle part à la fois, tout en restant paradoxalement l’un des principaux piliers de l’image véhiculée par l’entreprise et de sa cohésion interne.

3 questions à Olivier Babeau (président du think tank Institut Sapiens et professeur en sciences de gestion) :

Dans une chronique pour FigaroVox, vous écrivez que le télétravail restera une pratique assez marginale. Pourquoi ?

Parce que le télétravail ignore la nature profonde du bureau. Le travail collectif se nourrit de moments de vie partagée qui forgent le sentiment d’appartenance au groupe et fondent la motivation. Le bureau matérialise la communauté humaine qu’est une entreprise. C’est un monde en miniature, avec ses vertus mais surtout ses défauts, qui le rendent si indispensable : il est un lieu politique, un endroit où l’affrontement des pouvoirs se fait à travers des mises en scène de soi et des rituels d’interaction. Le bureau est un acte social. Lorsque l’on en est absent, on est exilé de ces jeux de pouvoir.

Dans une autre chronique post-confinement, vous affirmez pourtant que vous ne regagnerez pas les bureaux de l’Institut Sapiens…

Six mois de télétravail nous ont permis de retirer des avantages évidents : économie de loyers, heures de transport évitées, productivité améliorée. Assez pour écarter le bureau, devenu un confort routinier risquant de faire de la simple présence un but en soi, sans se poser la question du sens de ce que l’on y fait.

Le télétravail est un révélateur des tâches inutiles et des pertes de temps en entreprise. Supprimer les bureaux n’est en revanche pas une solution qu’on peut généraliser. Il faut tenir compte de la taille de la structure et du type de tâches. S’il s’agit, comme pour nous, de lire, rédiger, faire des analyses, mettre en relation, alors il n’est pas indispensable.

Comment concevez-vous le bureau de demain ?

Un endroit propice au nomadisme, où l’on se rend pour la convivialité et la coopération, qui conjugue efficacité économique et épanouissement personnel. La période de confinement nous a permis de mesurer l’efficacité du télétravail. Mais le travail sans bureau ne doit pas être un travail sans relations sociales.

Le principal défi de la disparition du bureau est de ne pas perdre les moments d’échanges informels, permanents, ponctués de rencontres à intervalles réguliers. Ils sont nécessaires pour assurer la fonction de refondation de l’unité d’un groupe.

 

Pour aller plus loin : Après l’open-space