Recrutement boomerang : votre entreprise ne devrait plus hésiter

Steve Jobs a démissionné d’Apple en 1985, avant de revenir – douze ans plus tard – dans la société qu’il avait fondée. On connaît la suite : en lançant l’iMac, l’iPod, l’iPhone puis l’iPad, l’entrepreneur américain a propulsé l’entreprise vers de nouveaux sommets, augmentant sa capitalisation boursière de 3 milliards à 347 milliards de dollars.

Ces dernières années, le recrutement « boomerang » se démocratise dans les entreprises. Un concept de plus en plus populaire dans les pays anglo-saxons qui consiste, pour les employeurs, à embaucher un salarié ayant déjà travaillé pour eux par le passé. Historiquement, la réembauche d’anciennes recrues a rarement été envisagée, le choix de partir étant considéré comme déloyal. Mais à une époque où un employé moyen se met au service de plus de 12 entreprises différentes au cours de sa carrière et où le marché du travail est de plus en plus flexible, les recruteurs sont plus ouverts à la réembauche d’anciens collaborateurs.

Selon l’étude de Workplace Trends « The corporate culture and boomerang employee », (2018), plus des trois quarts des RH interrogés déclarent mieux accepter ce type de recrutement que par le passé. Pas moins de 15 % des salariés sont déjà revenus vers un ancien employeur et 40 % d’entre eux songent à le faire. Si certaines entreprises restent encore réticentes à cette idée, elles auraient pourtant tout à y gagner.

Les avantages du retour d’anciens talents dans votre société…

  • Vous savez à qui vous avez affaire

Comme les employés boomerang connaissent déjà l’entreprise, et vice versa, leur recrutement sera forcément plus fluide : à l’aise avec la culture et les valeurs que vous défendez, ils seront opérationnels rapidement. Bien qu’il n’existe pas de profil type de l’ancien salarié susceptible d’être réembauché, la plupart d’entre eux ont gardé de bons rapports avec leur ex-employeur. De quoi éviter des heures de formation et la longue période d’intégration. Selon Workplace Trends, 33 % des professionnels des RH reconnaissent que la familiarité avec la culture de l’entreprise est le plus grand avantage pour embaucher d’ex-collaborateurs.

  • Vous réduisez le risque de vous tromper

Lorsque vous embauchez une nouvelle personne, vous n’êtes jamais tout à fait sûr de ses performances ni de sa possible intégration dans votre organisation. Le taux d’échec des nouvelles recrues est d’environ 50 %, alors qu’il est quasi nul pour les anciens employés. On estime que la réduction des coûts et des efforts nécessaires pour recruter les collaborateurs boomerang peut permettre d’économiser plus de 15 000 euros par embauche.

  • Le salarié a acquis de nouvelles compétences

Après avoir quitté son poste, l’ancien collaborateur a acquis de nouveaux savoir-faire et savoir-être, notamment s’il a travaillé à l’étranger. Il revient enrichi de compétences et d’expériences qu’il pourra mettre à profit dans votre société. Plus engagé qu’avant son départ, le salarié boomerang sera généralement moins enclin à quitter une nouvelle fois l’entreprise.

  • Le recrutement boomerang améliore votre image

Le fait que les meilleurs employés reviennent dans votre entreprise envoie un message positif à d’autres potentiels candidats sur la qualité de votre société et sur les perspectives que vous pourrez lui offrir. Cela vous permettra donc de recruter et de conserver plus facilement d’autres employés qualifiés, en montrant à ceux de vos collaborateurs qui envisagent de partir que l’herbe n’est pas toujours plus verte ailleurs.

Les inconvénients du déjà-vu…

Si le recrutement boomerang constitue une opportunité intéressante, rapide à mettre en œuvre et peu coûteuse pour votre entreprise, il peut néanmoins présenter quelques inconvénients stratégiques. Certains anciens talents peuvent revenir débordants d’enthousiasme et d’idées innovantes, quand d’autres se révéleront réfractaires aux changements opérés dans l’entreprise et seront accueillis avec réticence par les employés en place. Le plus gros challenge concernant les salariés boomerang est d’éviter qu’ils ne repartent : s’ils ont déjà quitté le navire une fois, qui dit qu’ils seront toujours là dans quelques mois ? Le recrutement boomerang ne sera bénéfique que si le départ des salariés s’est effectué de manière positive, d’un côté comme de l’autre. L’entreprise doit donc veiller à soigner la séparation d’avec ses collaborateurs pour pouvoir réembaucher, si l’occasion se présente, les plus talentueux d’entre eux.

Les soft skills : atouts de demain

Depuis quelques année, le terme soft skills est entré dans le lexique du monde de l’entreprise. À l’opposé des hard skills, ou compétences techniques, ces “compétences douces” regroupent les qualités comportementales d’un candidat ou d’un employé, soit les savoir-être indispensables à sa bonne intégration dans l’organisation et à sa faculté à évoluer avec elle. Laure Bertrand, directrice Soft Skills et Transversalité à l’EMLV, les classe en quatre catégories : la connaissance de soi (la solidité personnelle, la gestion du stress et la compréhension de ses émotions), la relation avec l’autre (l’écoute, l’empathie et la capacité à coopérer et à convaincre), l’action (l’efficacité, la gestion du temps et la prise de décisions), et celles liées à la dimension cognitive (la créativité, l’ouverture d’esprit et la capacité d’apprendre à apprendre).

Dans un monde économique incertain et changeant, où les hard skills connaissent une obsolescence rapide et où la robotisation et l’intelligence artificielle prennent de plus en plus de place, les soft skills sont un facteur différenciateur, en raison de leur pérennité et de leur stabilité, mais aussi parce qu’elles font appel à des atouts que les machines ne maîtrisent pas. Ces compétences humaines ont-elles pour autant supplanté les compétences techniques aux yeux des DRH ? Selon Clément Meursault, recruteur chez Capgemini, une ESN, c’est effectivement le cas, puisque “les hard skills sont plus faciles à acquérir que les soft skills”.

Quelles sont les soft skills du moment ?
Parmi les soft skills principales des cadres, on trouve l’écoute, l’autonomie et la capacité à travailler en équipe, qualités que les dirigeants attendent également de leurs collaborateurs, en plus d’un haut degré de fiabilité. Certes, les soft skills les plus recherchées dépendent du secteur et du poste visé, et les qualités privilégiées ne seront pas les mêmes pour tel ou tel recruteur.

La crise sanitaire et économique invite encore plus fortement les employés à mettre en œuvre leurs qualités humaines pour s’adapter aux nouvelles méthodes de travail. L’autonomie reste ainsi l’une des soft skills les plus valorisées, puisqu’il faut savoir progresser dans ses projets à distance, et sans le retour constant de ses pairs et supérieurs. L’adaptabilité est également très précieuse, notamment dans un contexte fait de ruptures, car elle aide à faire face au changement dans un esprit constructif. La capacité à s’organiser et à gérer des projets est aussi très prisée, surtout pour mener des opérations transversales, regroupant des équipes différentes.

Avec des effectifs qui peuvent être réduits, la polyvalence et la curiosité font figure de qualités essentielles, permettant une plus grande réactivité. Enfin, la créativité compte encore parmi les soft skills les plus recherchées, surtout dans une période de crise où la capacité d’innovation fait la différence entre le développement et la disparition d’une société.

Savoir détecter et valoriser les soft skills

Alors qu’un tiers des recrutements échouent dès la première année et que les embauches seront de plus en plus stratégiques, la nécessité de déceler avec précision les compétences comportementales des candidats s’avère capitale pour la fidélisation des collaborateurs et la bonne cohésion des équipes. Les méthodes adoptées sont variées, entre importance accordée au “feeling” et adoption de tests comportementaux et de personnalité.

L’entretien reste bien sûr indispensable pour déterminer si les qualités du postulant correspondent à celles recherchées, mais les interactions avant et après l’entretien formel donnent aussi des indications sur sa personnalité. Les entretiens vidéo différés permettent également au candidat de développer ces sujets, mais les simulations et mises en situation donneront des renseignements beaucoup plus tangibles.

Toujours dans le but de retenir les meilleurs salariés, il est aussi primordial de valoriser les soft skills des personnels déjà en place. Et lorsqu’on sait que 70 % des cadres estiment que leurs employeurs sous-exploitent ces qualités, il est clair que le sujet est sensible. Les formations en compétences comportementales, internes ou externes, sont encore trop peu nombreuses, mais leurs évaluations à travers les entretiens annuels commencent à se développer, tout comme la culture du feed-back. L’attention portée aux soft skills s’avérera dans tous les cas fondamentale pour consolider la culture de l’entreprise et assurer le bien-être de chaque collaborateur.

 

Voir aussi : Le recrutement doit changer de mains