Premièrement, beaucoup de dirigeants redoutent que soulever la question des addictions au sein de leur entreprise équivaut à libérer une avalanche de problèmes insoupçonnés. Ces addictions, qu’elles soient liées à l’alcool, aux drogues, à la nourriture ou encore aux technologies, constituent des réalités souvent invisibles mais bien présentes. Parler de ces sujets, c’est risquer de faire émerger des situations complexes qui dépassent le cadre du travail. Ce sentiment d’impuissance pousse certains à éviter d’aborder la question, par crainte que toute tentative de discussion ne révèle une situation difficile à maîtriser, voire à résoudre. En ce sens, beaucoup préfèrent maintenir un voile pudique sur ce qui pourrait devenir un problème démesuré, dont les ramifications les dépassent.
Deuxièmement, il existe une barrière psychologique et culturelle liée à la séparation entre vie professionnelle et vie privée. S’immiscer dans la vie personnelle des salariés est souvent perçu comme une violation de leur intimité. Dans le monde de l’entreprise, tout ce qui relève de l’addiction touche à des sphères que les dirigeants hésitent à explorer, de peur de paraître intrusifs. Ainsi, aborder ces sujets renvoie à une porosité inconfortable entre la vie privée et le cadre professionnel, et nombreux sont ceux qui estiment qu’un tel sujet ne concerne pas l’entreprise tant qu’il n’interfère pas ouvertement avec la productivité. Cette attitude découle parfois d’une méconnaissance du lien étroit entre bien-être personnel et efficacité au travail.
Enfin, une autre raison, non des moindres, réside dans les implications financières. Les dirigeants redoutent que la reconnaissance de ces problèmes et la participation à des salons ou événements sur les addictions ne débouchent sur des attentes en termes de solutions concrètes. Ces solutions pourraient inclure la mise en place de programmes d’accompagnement coûteux, de suivi psychologique, ou d’actions de prévention au sein de l’entreprise, avec des frais importants à la clé. Il est compréhensible que beaucoup de responsables hésitent à prendre des engagements financiers supplémentaires dans un contexte économique parfois déjà tendu. Pourtant, cette réticence à investir dans la prévention pourrait à long terme coûter plus cher encore, tant en termes de productivité perdue que de désengagement des employés affectés.