Pourriez-vous nous parler de votre parcours et de ce qui vous a amenée à accompagner les dirigeants dans leur transition professionnelle ?
C’est amusant que vous posiez cette question, car je discutais justement avec une dirigeante que j’ai accompagnée il y a deux ans. Je lui disais que je perçois mon métier comme un art. C’est l’art d’accompagner les personnes au juste moment et avec le bon niveau d’interaction pour qu’elles puissent évoluer en fonction de leurs objectifs. Ce métier me passionne, car il allie méthode et intuition. D’un côté, il y a une dimension très structurée, qui repose sur des repères mentaux. De l’autre, il y a l’intelligence du cerveau droit. Ce mélange d’approches crée une synergie unique, adaptée à chaque situation. S’agissant de ma trajectoire propre : mon intérêt pour la psychosociologie m’a conduite à explorer le sens que les individus donnent à leur parcours, ce qui m’a amenée à travailler dans l’outplacement de dirigeants. J’ai débuté ce métier avec une approche de recherche-action, en observant les problématiques sous différents angles. Cela m’a permis de développer, au fil du temps, ma propre méthodologie issue de l’expérience sur le terrain.
Votre approche est-elle unique ou s’inspire-t-elle d’autres méthodes ?
Mon approche est unique dans la manière dont j’agrège différents outils. J’utilise par exemple la respiration et la médiation corporelle, des techniques bien connues, mais c’est l’assemblage spécifique que j’en fais qui est propre à mon accompagnement. Mon unicité réside dans cette combinaison d’éléments, basée sur mon expérience et ma vision holistique (du grec « Holos » qui signifie tout, entier) de la transition professionnelle.
Quels sont les principaux défis rencontrés par les dirigeants en transition professionnelle ?
Les dirigeants que j’accompagne sont souvent des profils exigeants, avec un haut niveau d’expertise. Lorsqu’ils se retrouvent en transition professionnelle, ils font face à une forte pression liée au temps et à la nécessité de résultats rapides. Ils doivent également retrouver un équilibre, car cette phase perturbe bien souvent leur stabilité. Mon rôle est de créer un espace propice pour qu’ils puissent atteindre leurs objectifs tout en acquérant des outils et les repères nécessaires dans cette période d’incertitude.
Votre approche, qui inclut des aspects émotionnels et corporels, peut-elle dérouter certains dirigeants ?
Oui, mes techniques étant atypiques, elles peuvent au premier abord être déroutantes. Mais les dirigeants que j’accompagne comprennent très vite que l’approche cerveau droit, associée à la structure du cerveau gauche va créer une synergie très intéressante. Chaque outil que j’utilise est orienté vers un objectif précis qui donne un sens aux résultats qui en découlent.
Vous intervenez dans de grandes écoles et entreprises, comment adaptez-vous votre approche à ces environnements académiques ?
La pédagogie est essentielle dans mon métier. Elle consiste à partir du terrain de l’Autre, à comprendre leur contexte pour adapter le discours. Dans les écoles ou entreprises, on attend souvent de moi que j’apporte une complémentarité à des approches plus rationnelles. Lors de mes interventions, comme pour BPI Université récemment, j’essaie toujours de transmettre des idées clés tout en intégrant des dimensions plus expérientielles pour ancrer l’apprentissage.
Les attentes des dirigeants ont-elles évolué ces dernières années ?
Oui, on observe un foisonnement d’informations avec l’essor des réseaux sociaux et de l’intelligence artificielle. Aujourd’hui, les dirigeants cherchent davantage à comprendre comment accompagner le changement humain dans leur organisation. Ils veulent des outils pour mieux gérer leurs équipes et se perfectionner dans des domaines comme le leadership ou la gestion de l’énergie. Cette demande d’optimisation et d’efficacité est plus forte que jamais.
Aujourd’hui, on attend des patrons qu’ils soient leaders, bienveillants, transparents, responsables … Les attentes sont-elles trop lourdes à porter ?
Effectivement, on attend des dirigeants qu’ils incarnent de multiples rôles. Cela peut générer un surcroit de stress. C’est là que j’interviens pour les aider à retrouver une juste distance et une vision plus claire. Nous travaillons ensemble sur leurs angles morts et sur la manière de mieux se positionner dans leur environnement.
Vous mettez de l’importance dans la communication et le « ‘savoir parler de soi-même ».
Savoir parler de soi renvoie à la connaissance de soi. Lorque nous avons conscience de qui nous sommes, de nos talents et de nos potentiels d’évolution, nous sommes plus à même de communiquer sur nos spécificités et de ce que nous pouvons apporter à l’entreprise.
Mon travail consiste donc à les aider à redécouvrir leurs qualités et compétences, et à savoir les présenter avec justesse.
Et vous, auriez-vous besoin d’un accompagnement si vous deviez réorienter votre carrière ?
Bien sûr ! Même avec toute mon expérience, je chercherais un sparring partenaire pour m’aider à identifier mes angles morts. J’apprécie ce processus de développement et d’apprentissage, et j’aurais besoin de quelqu’un capable de me challenger, comme je le fais pour mes clients.