Portrait de Eric Newton, CEO We_Are Club

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Animé par l’envie de réunir des créatifs de tous horizons, l’entrepreneur a fondé le We_Are Club, un lieu d’échanges où se mêlent innovation, collaboration et esprit communautaire. Retour sur son parcours, sa vision de l’entrepreneuriat et son ambition de redéfinir les codes du partage en France.

Par Anne-Cécile Huprelle

Votre parcours est une épopée entrepreneuriale. Avec la création du We_Are Club, vous semblez relier vos expériences de vie et vos envies. Est-ce que je me trompe ?

C’est exactement ça. Ce projet est né d’une envie personnelle, mais aussi collective, de créer quelque chose qui faisait sens pour moi et pour beaucoup d’autres. Je voulais créer quelque chose qui n’existait pas. J’aime cette idée de page blanche. J’ai travaillé dans des domaines variés : la communication, les médias, la production audiovisuelle, la musique, la tech, et même un peu dans le digital. Je ressentais ce besoin de relier ces univers entre eux. Ce sont tous des métiers de création, et je me disais que si j’avais envie de les connecter, d’autres devaient certainement avoir le même besoin. Aujourd’hui, le We Are Club à Paris est un club privé qui rassemble des entrepreneurs, des créatifs, des artistes, et des professionnels de divers secteurs, dans une ambiance conviviale et collaborative. Ce lieu veut favoriser les échanges et la synergie entre des personnes aux profils variés, tout en créant une véritable communauté.

Quelle différence avec d’autres espaces ?

Notre approche de club unissant une communauté est axée sur la créativité, l’innovation, et le partage de compétences. Il propose, en plus des espaces de travail, des événements, des workshops, des conférences, et des rencontres autour de l’entrepreneuriat, de la création et de l’art. Ce n’est pas seulement un lieu d’échange et de partage, mais un environnement où les membres peuvent échanger leurs idées, trouver des collaborateurs pour leurs projets, et faire évoluer leurs idées dans un cadre stimulant et inspirant. Le partage des connaissances est une richesse.

On manque de ce partage en France ?

Un peu, j’ai observé que beaucoup de professionnels fonctionnaient en silos. Pendant 15 ans, en travaillant dans le conseil, je passais d’une entreprise à l’autre et je me disais souvent : « Pourquoi ces gens ne communiquent pas entre eux ? Ils économiseraient tellement de temps et d’argent ». C’est là que l’idée de We_Are est née : rassembler ces mondes créatifs, culturels et économiques dans un lieu dédié, un espace vibrant où il se passe toujours quelque chose. Ce genre d’espace existait déjà ailleurs : à Londres, il y a The Hospital Club, ou The Conduit, aux ÉtatsUnis, des lieux comme The Battery à San Francisco. Mais ici, en France, ce type de lieu manquait cruellement. Les clubs traditionnels, comme l’Automobile Club ou le Travelers, sont certes très respectables, mais ne me semblent pas correspondent complètement aux attentes des décisionnaires actifs des Industries créatives et digitales. Par le passé, les grandes entreprises françaises travaillaient plus en meute, elles partaient à l’international ensemble. On pense aux grands groupes comme Saint-Gobain, Peugeot ou Air France qui, lorsqu’ils s’implantaient à l’étranger, collaboraient avec leurs agences. Aujourd’hui, cette dynamique s’est un peu perdue, mais il y a toujours cet incroyable potentiel créatif en France.

En effet, en parlant de créativité, vous êtes très optimiste sur le potentiel français. Vous êtes de ceux qui croient en l’innovation et en la créativité ici, non ?

Nous avons des talents incroyables en France. On voit par exemple sur le terrain de l’intelligence artificielle des Français dans le top mondial. Il y a encore plein de défis à relever, bien sûr comme accélérer l’innovation, favoriser la diversité, encourager l’export, simplifier la vie des entrepreneurs,… mais on a une qualité d’entrepreneurs exceptionnelle, des formations d’excellence. Ce sont des ressources qui nous permettent d’aller loin.

Justement, vous parlez souvent de votre équipe. Quel rôle joue-t-elle dans cette aventure ?

L’équipe, c’est tout. J’ai la chance d’être entouré de personnes incroyables, présentes depuis le début. Ils connaissent le projet par cœur et partagent les mêmes valeurs. Ils sont même devenus associés au capital. Le partage de la valeur dans une entreprise est crucial. On entend de plus en plus de dirigeants dire qu’ils attendent de leurs salariés qu’ils soient un peu « entrepreneurs » euxmêmes. Je suis totalement d’accord. J’ai des collaborateurs jeunes qui montent très vite, car ce n’est pas une question d’âge, mais de responsabilité. Être entrepreneur, c’est aussi savoir prendre des initiatives, assumer des responsabilités et être autonome.

We_Are est un lieu qui brasse de multiples univers : programmation, journalisme, événementiel… Comment gérez-vous les différents métiers en interne ?

C’est vrai qu’on a une grande diversité de métiers : de l’événementiel, de la production audiovisuelle, du CRM, de la communication. Chaque équipe a ses spécificités. Par exemple, dans la restauration, c’est plus difficile de fidéliser, mais dans d’autres secteurs, ça se passe très bien. Il faut comprendre que nous vivons dans une culture du zapping, où tout change rapidement. Le défi au temps est aussi une réalité actuelle.

En tant qu’entrepreneur, quel rapport entretenez-vous avec l’échec ?

L’échec apprend l’humilité. Il faut toujours garder à l’esprit qu’on peut se prendre une claque à tout moment. C’est essentiel de rester vigilant, de ne jamais faire le malin, même quand ça semble bien aller. Et surtout, savoir s’entourer des bonnes personnes. Il y a une chose que j’ai apprise tout au long de mon parcours, rien n’est jamais gagné.

Quelle est donc la prochaine étape ?

On a encore beaucoup à faire. Le premier objectif est de renforcer la communauté à Paris, de faire en sorte qu’elle soit généreuse, engagée et prête à construire un monde meilleur. Ensuite, on a des projets d’expansion. On va ouvrir un deuxième We Are à Lille, d’ici la fin de l’année. On veut relier l’écosystème entrepreneurial et créatif de Lille à celui de Paris. C’est une ville incroyable avec un potentiel énorme.