La santé mentale des DRH est aussi un enjeu majeur !

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Face à un monde du travail en perpétuelle transformation, la santé mentale devient un enjeu crucial pour tous, y compris pour les DRH. Souvent en première ligne pour accompagner les collaborateurs, ils en oublient parfois leur propre bien-être, s’exposant ainsi à des risques psychosociaux accumulés. Comment peuvent-ils mieux prendre soin d’eux-mêmes tout en remplissant leur mission ? Cet article explore les défis spécifiques auxquels ils sont confrontés et propose des solutions pour préserver leur équilibre.

Par Hervé BARON, , ex DRH de McDonald’s, Senior Advisor Morgan Philips et Partner HR Tech Les Cousins, auteur du baromètre QVT des DRH.

En 2025, dans un environnement non-plus VUCA mais BANI (Brittle, Anxious, Non-linear, Incomprehensible), la santé mentale au travail est plus que jamais une priorité pour les entreprises et leurs employés. Ces derniers font face quotidiennement à l’accélération des transformations numériques, à l’hyperconnexion amplifiée par de nouvelles formes et organisations du travail, hybrides et débridées, ainsi qu’à d’incessantes réorganisations qui alourdissent la charge de travail prescrite, réelle et perçue.

Entre l’essor des modes de travail hybrides, qui redéfinissent en profondeur les interactions entre salariés, et l’arrivée de technologies comme l’IA, qui transforment de nombreux métiers, un nouveau face-à-face s’impose. D’un côté, ces évolutions offrent davantage de flexibilité et un meilleur équilibre entre vie professionnelle et personnelle, mais elles accentuent aussi la porosité entre ces deux sphères, autrefois distinctes. De l’autre, l’incertitude croissante concernant l’avenir de nombreux emplois alimente une anxiété grandissante. Ce double mouvement contribue à maximiser les risques psychosociaux.

 

Il devient particulièrement difficile pour les DRH de garantir le bien-être psychologique

des collaborateurs. D’autant plus qu’eux- mêmes sont traversés par les mêmes inquiétudes et victimes des mêmes maux ! S’ils parviennent parfois à détecter les signes de détresse d’un collaborateur — isolement, irritabilité ou instabilité —, les DRH peinent souvent à appliquer cette vigilance à euxmêmes. L’invisibilité de leur mal-être les rend particulièrement vulnérables à une dégradation silencieuse de leur santé mentale. Leur loyauté et leur engagement envers les autres (collaborateurs comme organisations) sont tels qu’ils en viennent souvent à négliger leur propre bien-être. Pourtant, des éléments indispensables comme l’autonomie décisionnelle, une charge de travail équilibrée, une juste reconnaissance, des limites claires entre vie professionnelle et personnelle (l’hyperconnexion correspondant à la déconnexion nécessaire au repos mental) ou encore des relations professionnelles non dégradées sont essentiels à leur équilibre. En les reléguant au second plan, ils aggravent sans le savoir leur propre vulnérabilité face aux risques psychosociaux. Tout se déroule silencieusement, comme si les DRH se sentaient illégitimes pour accéder à un niveau de qualité de vie et des conditions de travail (QVCT) décent pour eux-mêmes — une forme de syndrome de l’imposteur surprenante et particulièrement risquée ! Épuisés physiquement et nerveusement à la sortie de la pandémie, les DRH doivent aujourd’hui relever un défi de taille : veiller au bien-être de tous, y comprendre le leur. Ils ne doivent en aucun cas s’exclure des stratégies et solutions mises en place (ou à développer) dans leurs entreprises pour préserver la santé mentale des employés. Parmi ces leviers figurent : -Des chartes sur la qualité de vie au travail ; -L’instauration de « jours sans réunion » pour limiter la charge mentale ; -Un accès facilité à des psychologues du travail et coachs professionnels ; -La promotion du droit à la déconnexion pour réguler l’usage des outils numériques ; -L’encouragement du travail flexible et l’adaptation des charges de travail en fonction des capacités individuelles ; -Des applications mobiles sur le bien-être mental permettant aux salariés d’auto-évaluer leur stress et leur niveau de fatigue afin d’adopter des solutions de rétablissement. Pour continuer d’exceller dans l’accompagnement des salariés, les DRH doivent en priorité bénéficier de programmes de sensibilisation à la santé mentale et de formations à la gestion du stress. Ils doivent aussi oser leur propre transformation pour sortir de ce paradigme mortel où ils sont « les cordonniers les plus mal chaussés » ! Au-delà d’un enjeu de performance et d’efficacité, c’est désormais une question d’éthique personnelle, presque un réflexe de survie, pour rester résilients et efficaces face aux défis d’aujourd’hui et de demain. Pour avancer sur ce chemin essentiel, l’évaluation constitue une étape indispensable. Si vous n’avez pas pu vous connecter au webinaire de restitution du baromètre QVT des DRH, le 25 juin avec GEREP, courtier d’utilité sociale, il est encore temps d’en découvrir les principaux enseignements sur leur blog. ( www.gerep.fr ) l