La RSE version But
L’enseigne d’ameublement, qui a fêté ses 50 ans en 2022, a amorcé un virage responsable des plus ambitieux. La responsabilité sociale de l’entreprise y est un trait d’union entre business, expérience collaborateur et expérience client. BUT entend être un leader d’opinion sur ces sujets. Dialogue avec Bérengère Assaiante, directrice RSE de BUT.
Votre poste chez BUT n’est pas si ancien que cela. Pouvez-vous nous expliquer ce qui a conduit à sa création ?
Ce poste existe depuis deux ans. Il a été créé sous l’impulsion de notre président-directeur général, Alexandre Falck, qui s’est attelé au renouvellement de l’offre et à la dimension logistique. Sa grande conviction était centrée sur une RSE intégrant à part entière la communication institutionnelle et la communication interne. Et c’est une petite innovation. Pour lui, ces sujets, conjointement, créent de la valeur pour l’entreprise et sont sources de performance.
Comment articulez-vous ces trois volets – innovation, responsabilité sociétale des entreprises et relations publiques – au sein d’une seule et même mission ?
Quand on parle de RSE et surtout quand on est distributeur, l’une des premières briques est de s’inscrire dans une démarche d’amélioration continue. C’est le produit qui nous fait vivre aujourd’hui, et c’est la première chose que l’on doit mettre en marche sur ces sujets. L’innovation doit être orientée vers l’écoconception. Ensuite, les communications interne et externe doivent entrer en jeu. C’est là où mon autre casquette intervient : dans la maîtrise de la partie RSE et de la communication, cela permet de garantir un maximum de transparence, sans en dire trop. Et pour éviter le greenwashing. Évidemment, aujourd’hui, en tant que distributeur, nous sommes très conscients de la difficulté d’atteindre la perfection. Pour cesser d’avoir un impact environnemental, la seule solution serait d’arrêter de fabriquer des meubles. Mais aujourd’hui, ce n’est pas la vocation de l’entreprise. C’est pour cela qu’il est essentiel de trouver le bon équilibre entre efficacité, impact positif et communication efficiente. Voilà ma mission. Elle reflète totalement ma vision de la RSE. Ces trois casquettes me permettent d’être très transparente et de maîtriser l’intégralité du sujet, de la conception jusqu’à l’achat. Cela tombe bien, car jusqu’à ce que je prenne le poste de directrice RSE j’officiais dans la partie achat. Donc c’est un énorme atout, parce qu’évidemment les gros projets d’écoconception, d’innovation et d’achats responsables nécessitent quand même une assez bonne maîtrise de ces sujets. D’autant plus pour embarquer les collaborateurs. Cela me permet d’avoir une certaine légitimité et une certaine crédibilité puisque je connais les contraintes et les opportunités.
Jusqu’à présent, BUT n’avait pas pris le sujet à bras-le-corps…
Certaines initiatives avaient été mises en avant, notamment, avec un prisme RH, la fabrication « made in France ». Il y avait quand même des sujets déjà très intégrés dans l’entreprise. Mais cette division RSE que je dirige a permis de structurer la démarche, de lancer des projets spécifiques. Nous sommes vraiment dans une volonté d’entreprise et non une responsabilité d’entreprise.
La RSE pratiquée chez BUT s’accompagne d’une véritable transformation des métiers…
Oui, elle est en train de les transformer. La RSE concerne le distributeur que nous sommes, mais aussi les collaborateurs et les territoires sur lesquels sont implantés nos plus de 330 magasins. Notre maillage représente une vraie force dans les territoires. Nous sommes présents dans toute la France et nous commençons à nous exporter à l’international. Reprenons nos trois piliers : le premier est de mieux produire, grâce à des achats responsables. Évidemment, il y a le devoir de vigilance. Il y a notre politique bois, il y a le made in France. Ce sont vraiment nos points clés de l’achat responsable. En parallèle, il y a le projet d’écoconception que l’on va lancer, un projet qui transforme vraiment les métiers. Jusqu’à présent, un acheteur BUT avait un seul objectif : avoir le bon produit au bon moment, au bon endroit. Aujourd’hui, ce n’est plus ainsi que marche le monde de la consommation. Et nous souhaitons faire partie de cette évolution. Car, s’il ne répond pas à un certain nombre de critères d’écoconception à travers une grille de lecture, un produit ne sera pas ou plus référencé. Les acheteurs doivent concevoir les produits différemment, ils doivent les penser différemment. Donc, trouver des matières alternatives, trouver des sourcing alternatifs et de nouveaux fournisseurs. Cela nécessite des négociations différentes, des façons de faire différentes, par exemple en révisant notre approche du design. Comment réduire au maximum la matière, le nombre de vis, tous les petits accessoires, etc. Le métier de la vente est amené à évoluer également : comment vendre un produit au bon prix et qui soit écoresponsable. Comment garantir une transparence au client ? Les arguments de vente sont totalement différents. Effectivement, nous sommes en train de révolutionner un certain nombre de métiers.
Comment les collaborateurs appréhendent-ils cette nouvelle approche des métiers ?
Il y a des collaborateurs très enthousiastes et qui vont de l’avant sur ces sujets. D’autres sont un petit peu plus frileux, parce que cela fait appel à d’autres compétences, d’autres savoirs qu’ils sont en train d’acquérir. Nous avons mis en place des formations pour avoir le maximum de crédibilité auprès des acheteurs. Dans le domaine de la logistique, par exemple, les engagements concernant le bilan carbone, la trajectoire carbone impactent les métiers et surtout les façons de penser. L’enseigne et ses métiers doivent évoluer comme un seul homme.
Les collaborateurs veulent travailler dans une entreprise qui défend ces sujets-là : une puissante dimension marque employeur et ressources humaines à prendre en compte.
On observe beaucoup de débats aujourd’hui sur les entreprises amorçant un virage green. Pas facile d’être clair sur ce sujet, tout en restant performant…
Le profit, c’est l’objectif d’une organisation. Mais elle a aussi une responsabilité vis-à-vis de ses collaborateurs, vis-à-vis de ses clients et vis-à-vis de la société de manière générale. Notre mission est d’inciter l’entreprise à changer un peu de place. Elle a un vrai rôle de leader d’opinion sur ces sujets-là et elle doit se positionner. Cela passe par le travail autour de la marque employeur. La discrimination, l’engagement libéral de l’enseigne étaient des questions qui revenaient assez régulièrement ; nous les avons pris en main pour faciliter les recrutements. Aujourd’hui, si une entreprise n’est pas engagée, elle ne convainc plus.
BUT s’associe à des événements, comme Octobre rose et se rapproche du milieu associatif : est-ce ainsi que la société crée une expérience commune valorisante ?
Oui, car la proximité est une valeur chez nous. La proximité dans les régions, avec le client et les écosystèmes locaux, la proximité avec les collaborateurs. Ces derniers ont besoin de cet engagement, ils participent à un certain nombre d’animations proposées, soit par la RSE, soit par la communication interne. Par exemple, nous nous associons à la semaine du handicap avec des formations bien spécifiques, telles que le théâtre ou des jeux de rôle. Nous accompagnons également la banque solidaire de l’équipement portée par Emmaüs Défi. Dans le cadre d’une opération sociale, nous avons créé des packs de nuit, d’accueil d’urgence et de longue durée avec linge technique et matelas. Depuis 2016, nous participons à la lutte contre le mal-logement avec un don de 4 000 équipements. L’opération sera par ailleurs réitérée cette année.