Banque de France : un exemple d’agilité
Dans un contexte de tension, la création d’un groupe de qualité de vie au travail a donné une nouvelle impulsion à l’institution et lui a permis de reconstruire son histoire.
En 2017, les collaborateurs de l’antenne Banque de France située à Poitiers ont appris qu’ils devaient quitter les locaux historiques du centre de la ville pour s’installer dans une structure moderne en périphérie. Ce choix d’un bâtiment HQE dans un écoquartier était dicté par une volonté forte de la Banque de France de limiter son impact environnemental et de réduire de façon substantielle ses émissions de gaz à effet de serre liées aux énergies et aux entretiens.
Les 300 agents du site ont donc quitté des bâtiments du XVIIe siècle, au cœur d’un quartier animé, à portée des brasseries, des librairies et des salles de spectacle. Beaucoup de nos collègues ont passé plusieurs décennies dans ces bâtiments, certains s’y sont rencontrés, se sont mariés, ont confié leurs enfants au centre de loisirs sur place. Beaucoup d’entre eux partageaient ainsi la vie animée du quartier, certains assistaient aux « concerts sandwich » organisés au théâtre, juste à côté, ou sur les berges du Clain… Un environnement de travail inégalable.
Nous sommes aujourd’hui en périphérie de la ville au sein d’un nouveau quartier en construction. Les bâtiments sont modernes mais sans âme, sans passé. Notre vie sociale sur le plan local et telle que nous l’avions connue pendant des années s’est arrêtée en janvier 2018.
Avec un petit groupe d’agents, nous nous sommes dit qu’il fallait agir. La tentation du déni était grande et celle de la remise en question personnelle plus difficile.
Avec le CHSCT [comité d’hygiène, de sécurité et des conditions de travail], la direction a proposé la création d’un groupe QVT qu’elle nous a demandé d’animer. Nous avons accepté.
Petit à petit nous avons vu ce groupe QVT d’une quinzaine d’agents devenir une véritable équipe. Nous nous sommes écoutés, découverts aussi et appréciés. Nous avons échangé des valeurs et fait l’ébauche d’un environnement professionnel adapté pour être simplement bien au travail.
Nous avons fait 34 propositions qui s’organisaient selon ce schéma…
L’amélioration de notre vie professionnelle
- Sur le plan de la gestion des ressources humaines
- Sur le plan du fonctionnement
L’amélioration de notre vie au travail par…
- La valorisation de la cohésion
- Le développement de services partagés
- Une implication plus grande dans l’aménagement de l’écoquartier des Montgorges
- La réalisation d’aménagements
- La simplification de la communication
- Une aide au bien-être personnel
Pour ne citer que quelques exemples…
– Nous avons obtenu des dérogations en matière de gestion RH pour tenir compte de demandes spécifiques : permutations entre agents des services du site sur la base du volontariat en l’absence d’offres de poste, recensement sur la base du volontariat des souhaits de mobilité fonctionnelle des agents au sein de PHM…
– Des aménagements extérieurs conviviaux : création d’espaces extérieurs aménagés de détente et d’échange en mettant en synergie tous les éléments propices au bien-être. Un potager, des vignes bio et un verger sont prévus en 2021.
– Nous avons participé au World CleanUp Day, opération mondiale de lutte contre la prolifération des déchets sauvages qui polluent durablement notre environnement à travers des nettoyages citoyens.
– Nous avons organisé des « vis ma vie » consistant à échanger sa place (ou à travailler) avec un autre agent durant une journée pour mieux comprendre son poste ou mieux connaître son activité.
– Nous avons mis en place des campagnes de sensibilisation sur les addictions et les maladies musculo-squelettiques avec un ostéopathe.
– Des entreprises d’insertion sont intervenues pour l’entretien raisonné des espaces verts : nous avons eu recours à des entreprises ou à des associations qui développent et valorisent des compétences pour permettre à des personnes handicapées ou exclues de tout cursus d’apprentissage d’accéder à l’autonomie.
– Enfin, cette énergie a favorisé l’émergence de projets innovants : un site labellisé « refuge LPO » avec une convention sur trois ans ; un contrat avec une entreprise de permaculture ; une dizaine d’ateliers : la création d’une vigne bio, d’un potager, d’un verger, d’une spirale à insectes… ; des conférences ; la réalisation d’un logo de la Banque de France où chaque agent apportera sa pierre ; une participation au Relais pour la Vie avec la Ligue contre le cancer ; la participation au concours de développement durable au niveau national (BDF), dont nous avons été le lauréat.
On pourrait croire que « pouvoir » c’est « contraindre », alors qu’en réalité c’est surtout la capacité à « donner l’équilibre ». On ne saura jamais quelle part a pris la QVT, la RSE, les syndicats, la direction, les agents eux-mêmes dans cette adaptation. Il y a probablement eu un peu de chacun dans cette histoire.
Ce qui est sûr, c’est qu’en chacun de nous sommeille une part de conscience collective. Cette conscience peut se réveiller par des actions « décalées », sociétales ou environnementales.
La période dans laquelle nous vivons montre bien que la vie professionnelle tend à se fondre avec le privé, et nous devons prendre garde à ne pas abandonner notre intimité. Inversement, saisissons aussi l’opportunité de laisser au professionnel quelques traces de nos valeurs profondes, fussent-elles privées ! Ce serait simplement garantir « notre équilibre » et donc notre bien-être au sein de notre entreprise.