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Face à l’accélération de l’inflation, de nombreux employeurs décident de prendre des mesures afin de soutenir leurs collaborateurs. De nombreux outils permettent, en effet, d’aider les salariés à faire face à l’augmentation du coût de la vie. Parmi les moyens à disposition, le partage de la valeur ajoutée s’avère être une solution pertinente.

Par Fabien Lucron , Directeur du Développement de Primeum

Réagir pour préserver ses collaborateurs de l’inflation galopante

La crise sanitaire a laissé dans son sillage de nombreuses entreprises en difficulté. Certaines d’entre elles ont ainsi été soumises à un gel des salaires depuis deux ans et ont dû contraindre leurs salariés à l’activité partielle. Sans surprise, les négociations annuelles obligatoires (NAO) se révèlent difficiles, tant l’attente des formations syndicales est grande.

Les entreprises soucieuses d’aider leurs collaborateurs à affronter le contexte inflationniste actuel ont recours à différents moyens pour y parvenir. Dans beaucoup de cas, il s’agit d’élargir ou de renforcer des dispositifs déjà présents au sein de nombreuses entreprises.

Des solutions pour augmenter le pouvoir d’achat des salariés

Si quelques sociétés ont fait le choix de doubler l’indemnité inflation accordée par le gouvernement, la plupart se sont tournées vers des outils déjà connus. Les entreprises qui le peuvent ont ainsi opté pour l’augmentation généralisée des salaires. Mais face au coût qu’une telle mesure représente, la majorité d’entre elles a choisi d’autres moyens. Plus répandue et moins contraignante, l’enveloppe d’augmentation individuelle a été davantage plébiscitée par les employeurs.

Parmi les mesures permettant d’aider rapidement à faire face aux difficultés financières des employés, on trouve les dispositifs bénéficiant d’un régime fiscal et social particulier tels que les tickets restaurants, les chèques CESU, l’augmentation de la participation employeur à la mutuelle ou aux frais de transport. Mais, d’autres outils se révèlent plus durables et traduisent une nouvelle manière de redistribuer la richesse au sein de l’entreprise.

Des solutions pérennes pour aider ses collaborateurs à affronter la hausse du coût de la vie

Les dirigeants d’entreprise souhaitant se tourner vers des stratégies à long terme ont également plusieurs moyens à disposition. Trois outils se révèlent particulièrement pertinent pour l’entreprise et ses collaborateurs.

La prime Macron, un outil en voie de pérennisation

La prime Macron fait partie de ces outils. Elle permet de verser un bonus aux salariés gagnant jusqu’à trois fois le Smic, exonéré d’impôts et de cotisations sociales. Alors qu’elle était plafonnée à 1 500 euros, la prime Macron s’apprête à être pérennisée pour toutes les entreprises de moins de 10 employés. Elle pourrait atteindre les 4 500 euros sous forme de participation.

Concrètement, le salarié peut choisir d’obtenir la somme sans attendre. Il devra alors s’acquitter de l’impôt et des charges sociales. Mais, il peut aussi placer la prime sur son compte de participation et recevoir son montant cinq ans plus tard, totalement exonéré de charges et d’impôts. Thibault Lanxade, porteur d’un projet de loi sur le dividende salarié, préconise un double système, le premier concernant les entreprises de 1 à 10 salariés et un deuxième, spécifique à celle employant de 11 à 50 salariés.

Le dividende salarié, le partage de la valeur ajoutée

Le projet de loi sur le dividende salarié pourrait justement permettre de mieux répartir les bénéfices entre collaborateurs. Le dividende salarié concerne les entreprises de plus de 50 salariés. En soi, son principe est simple : à chaque versement de dividendes aux actionnaires, l’entreprise devrait verser une part de la valeur ajoutée aux salariés. Le cadre législatif devra en préciser les modalités d’application.

L’épargne salariale, un dispositif avantageux pour l’employeur et les salariés

Autre axe permettant de contrer les effets néfastes de l’inflation, l’épargne salariale. Ce dispositif est un ingénieux outil permettant aux petites et moyennes entreprises de profiter des avantages combinés de l’intéressement et de la participation. Pour mémoire, l’intéressement consiste à verser aux salariés une prime en fonction de la performance de l’entreprise, tandis que la participation a pour principe le partage des bénéfices avec les collaborateurs.

L’épargne salariale concerne les petites et grandes entreprises, quel que soit leur statut. Les dirigeants des entreprises de 1 à 249 salariés peuvent ainsi décider, pour une durée de trois ans, de l’intéressement. Très encadrées, les primes versées aux bénéficiaires ne doivent pas dépasser les 75% du plafond annuel de la sécurité sociale et la somme dévolue à ce dispositif doit être inférieure ou égale à 20% de la masse salarie.

Pour s’inscrire pleinement dans la même philosophie que la prime Macron, le dividende salarié et l’épargne salariale, il est important de repenser le package salarial. En mettant en place un système de rétribution cohérent, en équilibrant correctement le salaire fixe et la rémunération variable, l’employeur crée les conditions d’un épanouissement professionnel et financier pour ses collaborateurs.

Qu’il s’agisse d’aides limitées, visant à renforcer le pouvoir d’achat à court terme, ou de stratégie à long terme, œuvrant pour une redistribution plus égalitaire des richesses créées, de nombreux leviers existent ainsi pour aider les salariés face à l’augmentation du coût de la vie.