Xavier Floquet : ZEN chez BNP Paribas

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Il y a six mois, la vie de Xavier Floquet a connu un changement sans précédent. Après avoir été manager dans de grands groupes, cet homme de 45 ans est devenu responsable qualité de vie au travail, chargé de la prévention des risques psychosociaux au sein de BNP Paribas Asset Management, la branche spécialisée en gestion d’actifs du groupe BNP Paribas. Un métier très récent et encore méconnu qui lui permet de transmettre sa passion pour la méditation, son nouveau « chemin de vie ». Interview.

 

Par Léa Masseguin

 

En quoi consiste votre travail ?

L’objectif est de favoriser la santé et le mieux-être au travail en jouant sur différents leviers. Je travaille par exemple avec les personnes chargées de l’équipement des bureaux, pour favoriser l’ergonomie, et aussi avec celles qui s’occupent des pratiques managériales, car le bien-être des salariés dépend beaucoup des interactions avec les managers. Il s’agit aussi de promouvoir des modes de vie sains, de faire du sport, de méditer, de mieux manger ou de veiller à concilier au mieux la vie professionnelle et la vie personnelle, par exemple au travers de la mise en œuvre d’accords de télétravail.

 

Y a-t-il une volonté particulière de BNP Paribas de prendre en compte le bien-être de ses collaborateurs ?

Oui, notre DRH, Marion Azuelos, a toujours été convaincue que c’est essentiel. Et la pandémie de Covid-19 actuelle accélère cette prise de conscience. De nouveaux risques psychosociaux et sanitaires sont apparus avec le recours au télétravail. On observe une forme de fatigue digitale chez certains. Avec la multiplication des réunions en ligne, les gens ne font plus assez de pauses. Ils ferment une réunion sur l’application de communication collaborative Teams pour en ouvrir une autre, ce qui a un impact négatif sur leur santé mentale et physique. Ils peuvent aussi être mal installés pour télétravailler. Enfin, nous sommes des animaux sociaux, et le fait de travailler de chez soi peut nous isoler. Il est donc nécessaire de prendre ces nouveaux risques en considération, d’identifier ces problématiques afin de mettre en place des actions qui favorisent le mieux-être. Pendant longtemps, la qualité de vie au travail a été considérée comme une initiative à mettre en place à côté de la vie professionnelle. Or c’est une erreur, elle doit être intégrée au cœur même du travail.

 

Des études affirment que le télétravail a aussi de bons côtés sur la qualité de vie des travailleurs…

Bien sûr, cela permet aux parents d’aller chercher leurs enfants à l’école, de réduire le temps passé dans les transports, etc. Les gens le plébiscitent d’ailleurs au sein de BNP Paribas Asset Management, où l’accord mis en œuvre permet de télétravailler jusqu’à 2,5 jours par semaine [avant les nouvelles annonces gouvernementales rendant obligatoire le télétravail trois jours par semaine, NDLR]. Environ neuf personnes sur dix ont pris au moins deux jours de télétravail.

 

Quel a été votre parcours avant d’arriver à ce poste ?

Après une formation d’ingénieur, j’ai été manager dans les achats au sein de Renault Nissan puis de BNP Paribas, avant d’être responsable d’une équipe de consulting et de transformation. En parallèle, je suis également devenu instructeur de programmes basés sur la pleine conscience (ou mindfulness) et j’ai créé l’association Mindfulatwork, qui œuvre à la diffusion de cette pratique dans les entreprises.

Dans ce cadre, je donne des conférences et j’instruis des mindfulness-based programs, notamment au sein de BNP Paribas. De plus en plus de sociétés voient la pertinence de ces interventions pour leurs collaborateurs.

 

Pourquoi avoir opté pour la méditation, spécifiquement ?

Il y a dix ans, j’ai commencé à souffrir de troubles du sommeil. C’était lié au stress, mais j’ai mis du temps à l’admettre. Pour moi, il y avait ceux que le stress perturbait et les autres, ceux qui y résistaient. Et comme le stress me faisait performer, je me mettais dans la deuxième catégorie. Mais mes insomnies se sont aggravées, et j’ai fini par me documenter. J’ai alors compris qu’en résistant au stress je l’avais laissé s’installer en moi et devenir chronique. Je me suis alors intéressé à plusieurs pratiques, et c’est la méditation qui m’a le plus parlé. J’ai commencé à la pratiquer seul avec des livres et des CD, puis j’ai suivi des programmes. Et j’ai perçu des bénéfices dans mon quotidien au bout de quelques semaines seulement. Au-delà du sommeil, je redevenais vivable pour mon entourage, mon comportement changeait de façon positive. Ce fut une vraie libération, un chemin de vie.

 

Vous avez ensuite eu envie de transmettre ce que vous aviez appris…

Oui. Cette pratique me faisait tellement de bien, je me suis dit que cela avait du sens de la faire découvrir à d’autres, notamment à mes collègues. J’ai alors suivi une formation de trois ans pour pouvoir le faire de la bonne façon, en utilisant les protocoles et les modalités pédagogiques des mindfulness-based programs, dont de nombreuses études ont montré l’efficacité.

 

Quels sont les impacts de ces programmes sur les collaborateurs ?

Cela dépend d’où l’on part. Personnellement ils m’ont aidé à mieux gérer le stress, mais aussi à être plus à l’écoute, plus empathique et plus attentif au bien-être des autres. Mais, de manière plus générale, les études réalisées dans les entreprises montrent qu’ils améliorent le bien-être et développent l’intelligence émotionnelle. Ils sont donc bénéfiques pour les collaborateurs comme pour l’entreprise. Un manager qui, grâce à la méditation, est plus conscient de son état émotionnel et de l’état émotionnel de ses collaborateurs est un manager qui diffuse de la sérénité, qui a des comportements plus alignés avec ses valeurs et qui dispose des meilleures ressources pour s’adapter et faire les bons choix.