Un sprinteur au Carrefour de sa vie

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Gilles-Anthony Afoumba mène une double vie de sportif de haut niveau et de vendeur dans une enseigne Carrefour, espérant réaliser son rêve : monter, dans quelques jours, sur le podium du 400 mètres des Jeux de Paris 2024.

Par Nicolas Pigasse

A 27 ans, le jeune homme entame sa dernière ligne droite pour se préparer aux Jeux de Paris 2024. Originaire de Brazzaville, il est venu s’entraîner en France à l’Athlétic Club de Joinville malgré l’avis contraire de sa mère, qui l’élevait seule depuis le décès de son père. Depuis, il rêve de monter sur une des trois marches du podium olympique de Paris 2024. Il s’y prépare depuis qu’à l’âge de 17 ans, il s’est lancé dans cette discipline. À Tokyo, il y a deux ans, il a déjà pu s’illustrer. « J’ai fini à la 6ème place. Je continue de progresser, et je suis en confiance. Je me suis donné encore plus de moyens pour réussir, notamment avec cette préparation et en rejoignant un groupe qui me porte. »

D’ordinaire, Gilles-Anthony Afoumba commence ses journées de travail à six heures du matin et vend des accessoires de sport et des produits dérivés de Paris 2024 dans l’hypermarché Carrefour de Noisy-le-Grand en Seine-Saint-Denis. Il y officie jusqu’à 14 heures. Puis, après une sieste, il part s’entraîner à 17 heures sur la piste du stade Jules-Ladoumègue, porte de Pantin (XIXe), dans le nord de Paris. Là, il enchaîne les séances de vitesse, de musculation et les soins liés à son haut niveau. Un rythme qu’il reprendra à la rentrée, auréolée d’une médaille olympique.

Gilles-Anthony Afoumba aurait aimé se consacrer uniquement au sport, mais il appartient aux 40% des champions de haut niveau qui n’arrivent pas à boucler leurs fins de mois malgré divers soutiens. La bourse olympique de 3 000 euros par trimestre, qui lui permettait de vivre, lui a été retirée. « J’ai compris qu’on ne peut pas toujours compter sur les bourses. » Le 17 août 2022, lorsqu’il intègre le groupe de distribution partenaire de Paris 2024, il se sent désormais libéré d’un poids financier. Il a un salaire fixe qui lui permet de se consacrer, l’esprit plus tranquille, à son sport. Il le reconnaît : cette double vie n’est pas facile tous les jours, mais Gilles-Anthony Afoumba a trouvé une deuxième famille dans le groupe qui ne cesse de le soutenir. « J’ai un CDI, et en temps ordinaire, j’ai un contrat de 35 heures classique. Je dois dire un grand merci à Carrefour qui m’aide aussi bien financièrement que moralement. Dans le groupe, certains de mes collègues ignoraient tout de ma double vie jusqu’à une récente médiatisation. Elle s’est faite principalement autour de ma vie de vendeur chez Carrefour. Le groupe est fier de moi. Et moi de lui. »

Quand on l’interroge sur son avenir, Gilles-Anthony Afoumba ne se voit pas quitter l’enseigne. Il aimerait continuer à y travailler, pouvoir bénéficier d’une formation afin d’évoluer professionnellement et y faire carrière.
« Au sein de Carrefour, je retrouve les valeurs du sport. Les objectifs sont clairs, il faut des résultats et de la rapidité. Ce dernier point est important aussi pour moi. » Alexandre Bompard, PDG du Groupe Carrefour, suit de très près les performances de cet athlète et sera l’un de ses plus célèbres supporters quand il s’élancera pour un titre olympique sur la piste du Stade de France. « Tous les sportifs de haut niveau comme lui ont besoin de ce genre de soutien pour s’entraîner dans les meilleures conditions possibles », dit-il. Gilles-Anthony Afoumba, lui, confie : « Ça me donne encore plus envie de réussir pour toutes ces personnes qui me boostent en permanence, de mes managers à mes collègues ! » l