Tribune : le mutualisme est en phase avec les besoins actuels
Dans l’univers de la banque-assurance, le mutualisme repose sur un principe selon lequel la banque est détenue par ses clients, qui en sont les sociétaires, contrairement aux banques classiques qui sont, elles, gouvernées par des actionnaires.
Historiquement, il s’agissait de mettre en commun des ressources financières suggérées par les dépôts des sociétaires, qui servaient à faire des crédits aux meilleurs taux possibles à d’autres sociétaires qui en avaient besoin. Le conseil d’administration de la caisse locale (équivalent à une agence bancaire) n’accordait ces prêts qu’en fonction de leur utilité économique ou sociale (ex. : investissement dans un outil de travail d’un paysan ou d’un artisan ). Depuis l’origine (fin du XIXe siècle), le système s’est considérablement élargi, au niveau régional, puis national. Partant de ces éléments, et pour avoir travaillé avec de nombreux acteurs de ce secteur, il me semble depuis longtemps que ce modèle est en phase avec les attentes et besoins du monde d’aujourd’hui : l Le « but lucratif » n’est pas prioritaire, dans une époque où le capitalisme est pointé du doigt pour les inégalités qu’il provoque et sa difficile compatibilité avec les exigences de la transition écologique. l La gouvernance bicéphale permet aux clients et à la société civile d’être parties prenantes dans les décisions et actions de leur banque ou de leur mutuelle. l La dimension sociétale par l’insertion dans le tissu socio-économique des mutuelles et banques mutualistes est très présente. l Le modèle décentralisé (subsidiarité) accorde autonomie et efficacité au plus près du terrain. l La promesse employeur peut être perçue comme plus éthique que celle des banques classiques par des salariés en quête de sens plutôt que de «performance » excessive. Néanmoins, le secteur doit relever trois défis majeurs :
–Se moderniser, en ce qui concerne une partie non négligeable des acteurs historiques.
–Communiquer sur ses spécificités en sachant les rendre attractifs pour les plus jeunes.
–Réussir à combiner rentabilité économique et maintien de ses valeurs fortes.
Le mutualisme me semble être l’un des secteurs en capacité de réconcilier l’Humain avec l’Économique, la dimension humaine étant présente depuis toujours dans ses fondements mêmes. Ses ambitions sont compatibles avec un développement économique raisonné, non fondé sur le profit pour le profit. Si l’on revient à sa définition biologique, il s’agit bien d’une coopération entre diverses dimensions dont chacune pourra tirer avantage : le sociétaire / client et sa banque (ou assurance), l’employé et l’employeur, la société civile et l’entreprise.