Senior / Junior : le Match

Diplômes :

Senior : À ses débuts d’étudiant, il n’avait ni ordinateur ni accès à Internet – et oui, ce n’est pas si vieux ! Il apprenait « à l’ancienne » à partir de manuels transmis de promotion en promotion, prenant des notes manuscrites lors de cours magistraux non suivis sur un smartphone ou un ordinateur portable… L’attention était primordiale ! Le niveau d’exigence était souvent plus élevé dans certaines matières. Les seniors ont parfois moins de facilité avec l’anglais et, contrairement aux idées reçues, ont dû s’adapter aux outils numériques apparus tout au long de leur carrière, tels que la visioconférence ou le télétravail… Tout s’apprend finalement…

Junior : Grâce à Google et à l’intelligence artificielle, on peut désormais tout savoir très rapidement. Besoin d’une réponse à une question, d’une traduction ou d’un calcul ? Le numérique nous fournit immédiatement la réponse adéquate. Les nouvelles générations étudient dans un mode « connecté », mettant l’accent sur les matières scientifiques, le numérique et les langues. On peut accéder instantanément à une multitude d’informations, sans nécessairement avoir fait de longues études. Cependant, le niveau de culture générale semble diminuer de manière significative, comme le souligne la dernière enquête Pisa de l’OCDE. La France n’est pas en reste. Dans l’ensemble, les juniors maîtrisent mieux l’anglais, appris souvent de manière informelle en regardant des séries ou en participant à des échanges sur les réseaux sociaux…

CV :

Senior : Le CV lui permet, parfois sur deux pages, de mettre en avant son savoir-faire et son expérience. Certains, et c’est leur droit, ne mentionnent plus leur année de naissance, mais il est souvent facile de la déduire en fonction des expériences professionnelles ou des diplômes mentionnés… De plus en plus, les recruteurs demandent aux candidats d’envoyer une vidéo en complément du CV et de la lettre de motivation. Il est difficile de dissimuler son âge ou sa « fraîcheur physique »… Le senior est rapidement rattrapé par la réalité de son âge ! Cependant, son expérience professionnelle réussie reste un atout majeur.

Junior : Il a l’embarras du choix en ce qui concerne la mise en forme de son CV grâce à de nombreux templates disponibles. Autrefois, la créativité faisait la différence… Il se « vend » en démontrant sa maîtrise de nombreux logiciels et outils incontournables tels que la Suite Adobe, Canva ou le Pack Office… La mention d’un niveau professionnel d’anglais est courante, voire désormais la maîtrise d’une troisième langue vivante. La jeune génération met également en avant ses valeurs et ses premières expériences de vie, souvent liées à des engagements sociétaux forts. La quête de sens est un élément marquant, voire différenciant, du CV.

Motivations :

Seniors : Il existe deux types de « travailleurs expérimentés » : ceux aux cheveux blancs qui ne pensent qu’à la retraite, et ceux qui s’accrochent à leur emploi par nécessité financière ou par satisfaction professionnelle… Oui, cela arrive ! Ce deuxième type de senior peut être un profil très recherché, bien qu’il puisse coûter plus cher et qu’il existe toujours le risque qu’il décroche à un moment donné… En général, il est curieux et solide, avec un savoir-faire à transmettre.

Junior : Il recherche du sens et n’hésite pas à quitter son poste si les valeurs ou la politique RSE de l’entreprise ne lui conviennent pas. La « grande démission » et le cumul d’emplois ne lui font pas peur, même s’il est conscient du contexte économique tendu ! Les jeunes sont motivés, mais pas nécessairement pour les mêmes raisons que les seniors : ils travaillent pour vivre, et non pour faire carrière. Leur vie est souvent axée ailleurs. Le travail est perçu comme un moyen, tandis qu’il était considéré comme un objectif en soi par les générations précédentes… Attention toutefois à ne pas généraliser : en politique, dans les startups et dans les affaires, le pouvoir est également pris de plus en plus tôt. À 33 ans, Gabriel Attal est à Matignon. À 28 ans, Agathe Monpays est la nouvelle directrice de Leroy Merlin… Selon une étude récente réalisée par Terra Nova et l’APEC, près d’un jeune sur deux estime que son travail est aussi important, voire plus important, que sa vie privée. La « grande démission » annoncée pourrait-elle déjà montrer des signes de faiblesse ?

Technologies et logiciels :

Senior : Il peut maîtriser Excel, PowerPoint et l’administration de WordPress. Parfois, il peut avoir du mal à passer d’un Mac à un PC et vice versa… Cependant, les seniors ne sont pas des incompétents en informatique pour autant… Ils ont grandi et évolué avec le numérique et les nouveaux outils apparus au fil du temps ! Ils ont également dû devenir des « geeks » à leur manière au cours de leur carrière… Ils n’ont pas eu le choix et ne sont pas nécessairement dépassés. Ils voient l’intelligence artificielle émerger et se disent qu’ils auront probablement peu de temps pour composer professionnellement avec elle.

Junior : Il maîtrise naturellement un large éventail d’outils technologiques. Il est né avec des gadgets entre les mains et a grandi en jouant sur des consoles de jeux. Cependant, s’il n’est pas intéressé par une technologie particulière, il peut rapidement sembler dépassé ou désintéressé. En général, il est plus à l’aise avec les outils modernes et les tutoriels qui lui permettent de trouver rapidement des solutions ! Cependant, viendra un moment où il ne suivra pas forcément toutes les évolutions ou n’anticipera pas certaines… Muriel Pénicaud, ancienne ministre du Travail, a mis en garde : « Il y a 20-30 ans, on considérait qu’une compétence technique était valable 30 ans. On avait donc un bagage pour presque toute sa vie active. Aujourd’hui, on considère qu’en moyenne, une compétence technique est valable 2 ans, bientôt cela sera 8 mois. »

Forme physique :

Senior : Il est difficile de cacher les cheveux blancs ou les rides. Le style et le sport peuvent aider à rester dans le coup et en bonne santé. Un peu de yoga entretient la posture et favorise la zen attitude… Certains seniors assument pleinement les marques du temps. Certains sont plus combatifs que d’autres… Mais attention, à 60 ans en 2024, un senior n’est pas forcément un vieux papy d’antan… Certains peuvent encore surprendre par leur vitalité et leurs capacités physiques… On peut en avoir encore sous le capot…

Junior : Il déborde souvent d’énergie… Mais peut aussi parfois manquer de motivation… Là encore, il faut éviter les généralisations hâtives. Il semble que les jeunes fassent moins de sport, se fatiguent plus rapidement et soient stressés pour un rien. Certains médecins tirent la sonnette d’alarme à ce sujet. François Carré, cardiologue et médecin du sport, alerte sur un « tsunami sociétal d’inactivité physique. La chaise tue ; la chaise nous ment, parce qu’on croit qu’elle nous repose. » Les jeunes résistent mieux aux excès de vie, ont une plus grande capacité de récupération, mais la paresse peut également être présente. Et puis, les juniors finiront par vieillir un jour… Certains sont jeunes d’esprit comme des seniors en apparence plus jeunes… Avant de les affronter dans un combat de MMA – Arts Martiaux Mixtes, sport de combat extrême où tous les coups sont permis – mieux vaut les jauger soigneusement…

Créativité :

Senior : Il dispose de l’expérience, parfois de la sagesse. Pourquoi serait-il moins créatif avec l’âge s’il l’a toujours été ? Peut-être parce qu’il ne maîtrise pas certains codes ou technologies ? Chaque génération a ses perspectives, ses forces et ses faiblesses…

Junior : Il doit tout inventer dans un monde en perpétuel mouvement où rien ne dure ! Il a souvent l’avantage… Mais peut parfois être à côté de la plaque… Manquer de vision ou passer à côté d’une évolution. Il sera de plus en plus confronté à l’intelligence artificielle à tous les niveaux…

Réseaux :

Senior : En principe, il a un vaste réseau de contacts grâce à ses années d’expérience et de rencontres au cours de sa carrière. Le réseau est un atout précieux, surtout s’il a été bien entretenu. Il ouvre des portes et permet de régler les affaires plus rapidement.

Junior : En général, il conserve un bon réseau d’anciens camarades de son école. Il peut également compter sur un réseau familial ou issu d’activités sportives et culturelles. Un réseau peut se construire rapidement, et celui de l’éducation est tout aussi structurant qu’efficace.

Salaires :

Senior : Il cherchera à valoriser son expérience. Il peut parfois être plus difficile à remercier qu’un junior, car les années d’ancienneté peuvent jouer en sa faveur. Cependant, il peut également être amené à accepter des concessions salariales pour retrouver ou conserver un poste…

Junior : Il aura du mal à négocier son salaire au début de sa carrière, sauf s’il décroche un poste bien rémunéré dans une start-up en vogue. Il reste marqué par les faibles rémunérations perçues lors de ses années d’alternance ou de stages, de plus en plus incontournables dans le monde du travail. Le salaire reste important, mais n’est plus l’élément central de sa démarche professionnelle. Les critères liés à la RSE et à l’environnement ont la même importance. Cette génération, souvent qualifiée de « réarmée », partage les congés parentaux, réduit son empreinte carbone et se dit prête à accorder moins d’importance aux valeurs monétaires.

Conclusions :

Ce que pensent les Seniors des juniors :

Ils se rappellent qu’ils ont été jeunes autrefois. Ils savent que les nouvelles générations ont des attentes différentes et que l’intelligence artificielle va encore changer leur vie professionnelle. Quels seront les emplois qui résisteront ? Quels jeunes trouveront leur place ? Que deviendront ceux qui seront laissés pour compte ? Quels seront les nouveaux modèles de travail et de société ?

Il est indéniable que les jeunes ont entraîné les seniors dans une révolution écologique. Ces derniers ont parfois du mal à comprendre leurs visions ou leurs révolutions sociétales. Il est peu probable qu’un senior ait envie de voyager trois fois de plus en avion pendant sa retraite pour préserver la couche d’ozone de la planète…

Ce que pensent les Juniors des seniors :

Ils peuvent trouver les seniors parfois arrogants et fatigués – mais attention à la résistance des plus vaillants d’entre eux. – Et ils se moquent parfois de leurs lacunes en matière de technologie. Cependant, ils ne sont pas pour autant des « manches ». Certains jeunes ont la sagesse de les écouter. Les seniors apportent une expérience et une vision précieuses. Le junior sera souvent respectueux, mais, comme dans une famille, les parents et les enfants ont souvent des façons de penser, voire des cultures, différentes… Et chacun prendra ses distances, ses marques, tôt ou tard…

Ce que pensent les entreprises des seniors :

Elles saluent toujours l’expérience et le savoir-faire des anciens. Cependant, elles se méfient beaucoup d’eux. Un senior coûte plus cher et peut avoir atteint le fameux « principe de Peter »… Il est souvent perçu comme fatigué. On aime vanter les qualités des seniors, mais les avoir réellement dans ses effectifs est une autre histoire, sauf s’ils ont un véritable savoir-faire à transmettre. La réalité est là. Roland Lescure les défend : « Il faut que les chefs d’entreprise changent de mentalité. Arrêtons de penser que lorsqu’une entreprise rencontre des difficultés, la première chose à faire est de se débarrasser des seniors et ensuite, on verra. Au contraire, il faut les garder, les former, les requalifier et les réorienter éventuellement vers d’autres emplois. »

Ce que pensent les entreprises des juniors :

Ils représentent la fraîcheur, des cerveaux connectés aux technologies et aux enjeux actuels. Ils sont parfois capricieux, mais leur jeunesse est un atout dans un monde de plus en plus connecté, réactif et impitoyable. Un junior construit moins sa carrière et est moins attaché à un système que par le passé. Mais il n’est pas certain que cette tendance perdure. Avec l’intelligence artificielle et ses menaces, il pourrait retrouver la culture d’entreprise tant appréciée et partagée par… les seniors !