Semaine de 4 jours : elmy dresse le bilan

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Les discussions autour de la semaine de quatre jours en entreprise se multiplient, et de nombreux acteurs privés et publics sautent le pas. C’est le cas d’elmy, gestionnaire d’énergie 100% renouvelable, qui a lancé une expérimentation du format depuis le 1er septembre 2022.

 

Par Charlotte Maurepas

Les 130 salariés d’elmy travaillent ainsi 4 jours par semaine à raison de 32 heures hebdomadaires pour les employés, et 35 heures pour les cadres, sans impact sur le salaire.

Depuis fin avril, l’entreprise dresse le bilan de ce test grandeur nature, afin de qualifier et quantifier les résultats de ces 8 mois, et vérifier si la mise en place de la semaine de 4 jours a bien répondu à ses objectifs initiaux : amélioration de l’équilibre vie pro/vie perso, du bien-être, de l’efficacité et de l’engagement. Les impacts concrets ont été mesurés via différentes méthodes : mise en place de sondages, d’un Focus Group permettant de recueillir des retours qualitatifs, et de nombreux indicateurs RH. Focus sur les résultats.

Moins de réunions et une évolution des méthodes d’organisation pour une meilleure efficacité

L’un des fondements de la semaine de 4 jours repose sur le fait que travailler moins implique une augmentation de la productivité. elmy a pu analyser cela à travers différents prismes.

 

L’entreprise, qui a adopté un modèle d’organisation inspiré de l’holacratie en 2021, a d’abord analysé le temps passé en réunion tactique (points réguliers opérationnels de chaque équipe) grâce à Holaspirit, un outil organisationnel. Entre janvier et septembre 2022, la durée moyenne d’une réunion tactique s’élevait à 63 minutes en moyenne. Cette durée a été réduite progressivement tout au long de la phase de test : à l’échelle d‘elmy, cela correspond à une réduction moyenne du temps passé en réunion tactique de 3,33 heures/semaine. Concrètement, les réunions durent désormais 45 minutes maximum. Un meilleur suivi des actions, des enjeux et du partage d’information a naturellement pris sa place.

 

Côté organisation, 80% des collaborateurs d’elmy ont dû adapter leur approche du travail pour intégrer la semaine de 4 jours. L’une des principales évolutions a été la priorisation plus efficace : les salariés ont appris à décaler certaines échéances non impératives pour mieux gérer leur temps. Plus globalement, un changement personnel en termes d’organisation a eu lieu : mise en place d’une journée type ; des plages d’agenda bloquées pour des sessions de travail de fond ; alternance entre missions opérationnelles et en interaction… Ces pratiques ont notamment pu être intégrées grâce à une formation dédiée dispensée en septembre en préambule du lancement de la semaine de 4 jours.

L’évolution réelle du temps de travail

Avec la semaine de quatre jours, la notion de temps a évolué au sein des équipes. Les journées se sont faites légèrement plus longues pour certains (5 minutes en moyenne de travail de plus par jour à l’échelle de tout elmy) alors que pour d’autres les journées ne se sont pas allongées. La semaine de 4 jours a été intégrée en réduisant les temps de pause, en particulier la pause-déjeuner qui a été réduite de 30 minutes par rapport à avant. Les emplois du temps se sont adaptés de façon organique à mesure que les collaborateurs s’interrogent sur leurs habitudes et pratiques professionnelles.

Une flexibilité nécessaire et bien vécue

Pour intégrer la semaine de 4 jours, la majorité des salariés d’elmy a fait preuve de flexibilité pour adapter leur temps de travail hebdomadaire à l’évolution de la charge de travail.  Le jour off fait ainsi office de variable d’ajustement pour 63% des salariés avec une durée moyenne travaillée de 1h30 par semaine. Ce besoin de retravailler est bien vécu par la plupart des salariés qui déclarent ne pas ressentir de frustration pour 83% d’entre eux. À l’inverse, le temps de reconnexion les week-ends et les soirs a été divisé par 5.

Moins de fatigue, moins de stress

D’après le sondage final, la semaine de 4 jours a un impact très positif sur le bien-être des salariés d’elmy en général. Les résultats indiquent que 50% des salariés se sentent moins fatigués qu’avant, et 88% des salariés ont constaté un impact positif sur leur sommeil et leur capacité à se déconnecter du travail. De plus, un nombre significatif de salariés ont signalé qu’ils avaient plus de temps pour s’engager dans des activités physiques et d’autres activités de loisirs. Enfin, certains ont signalé un impact positif sur leur équilibre familial. Seuls 11% des salariés ont signalé un impact neutre, et 1% un impact négatif.

Les impacts sur la qualité du travail d’équipe :

84% des répondants constatent un impact positif sur la qualité du travail d’équipe et ce, pour plusieurs raisons. Tout d’abord, la semaine de 4 jours favorise le respect du temps de chacun. Les salariés ont également développé plus d’empathie concernant les agendas de chacun, ce qui rend les réunions plus productives. En outre, moins de personnes travaillent sur la même tâche, ce qui rend le travail plus efficace et favorise l’entraide entre les membres de l’équipe en cas de variation d’activité.

Côté RH, le taux de turn-over volontaire a baissé de 150% après la mise en place de la semaine de 4 jours, le taux d’absentéisme de 70%. Le nombre de CV reçus, lui, a été multiplié par 2,5. Au final, 96 % des répondants sont pour le maintien d’une organisation à 4 jours.

 

 

ENCADRE

Les chiffres à retenir :

  • Une réduction moyenne du temps passé en réunion de 3,33 heures/semaine ;
  •  50% des salariés se sentent moins fatigués qu’avant, et 88% ont constaté un impact positif sur leur sommeil et leur capacité à se déconnecter du travail ;
  • 84% constatent en outre un impact positif sur la qualité du travail d’équipe ;
  • Côté RH, le taux de turn-over volontaire est en baisse de 150%, quand le taux d’absentéisme a chuté de 70%. Le nombre de CV reçus, lui, a été multiplié par 2,5 ;
  • 96 % des répondants plébiscitent le maintien d’une organisation à 4 jours à l’issue de la phase test.