Se déconnecter des écrans pour se reconnecter à son corps

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Nous sommes tous, ou presque, devenus cyberdépendants, tant les écrans font partie intégrante de notre vie. S’il est utopique d’imaginer s’en défaire, les (se) mettre en pause est de l’ordre du possible. Pour le plus grand bien du corps et de l’esprit.

Par Frédérique Jacquemin

Cinq heures par jour. C’est le temps que passent en moyenne les Français devant leurs écrans, selon une étude de Santé publique France publiée en 2019. Smartphone, tablette, ordinateur, télévision… sont devenus omniprésents dans nos vies. Plus encore depuis l’apparition des TIC, les technologies de l’information et de la communication, des plus envahissantes. En découle une sorte de fatigue et d’exaspération télécommunicationnelle qui suscite parfois un puissant désir de déconnexion. « La déconnexion n’est pas seulement une sorte de fuite alimentée par un désir de souffler, de reprendre son rythme ou de préserver un temps à soi. Elle vise aussi à se mettre à l’écart du monde, à prendre de la distance pour faire le point et se retrouver », expose Francis Jauréguiberry, sociologue et auteur d’une étude sur la déconnexion volontaire aux TIC.

La pression de l’immédiateté

Cette forte exposition aux écrans n’est pas sans conséquence pour notre santé. Troubles musculo-squelettiques (TMS) dus aux mauvaises postures, sédentarité et risques cardio-vasculaires, troubles du sommeil induits par une exposition prolongée à la lumière bleue, suractivité cérébrale, fatigue visuelle… La liste est longue. Sans compter la pression morale qu’occasionne l’injonction qui sous-tend la logique d’hyperconnexion : l’immédiateté de la réponse. « Les e-mails et SMS trop pressants d’un supérieur ou d’un collègue, les appels trop fréquents d’un conjoint ou d’une mère inquiète, ou encore les notifications trop nombreuses de ses réseaux sociaux produisent à la longue une usure qui se traduit par des moments d’exaspération, des sautes d’humeur, un sentiment de trop-plein », poursuit Francis Jauréguiberry.

Des « petites déconnexions » à accumuler

S’offrir l’occasion de « déconnecter » s’impose donc comme une nécessité, autant pour notre corps que pour notre esprit. Comme le relève le sociologue, « il ne s’agit pas de renoncer aux écrans et aux TIC mais d’essayer d’en maîtriser l’usage en instaurant des coupures, des sas temporels, des mises à distance. » Un besoin bien identifié par de nombreux prestataires. Le voyagiste Out of Reach propose ainsi de vivre des séjours « au milieu de nulle part » et « loin du signal et des écrans ». Le nombre de praticiens « bien-être » augmente en entreprise pour distiller exercices de relaxation et autres techniques de « dénouage de tensions » afin de renouer avec son corps dans ces lieux où les écrans sont rois. Reste que la déconnexion doit être le fruit d’un choix. Celui de préserver ses propres rythmes, de s’octroyer le droit de ne pas être dérangé ou de pouvoir faire le calme en soi. Quels que soient nos emplois du temps, il est toujours possible d’y glisser un « couvre-feu numérique », de définir des créneaux horaires de connexion, de mettre son téléphone en mode silencieux à certains moments ou encore de s’offrir une heure de sport ou de balade en nature pour renouer avec nos sensations physiques, indispensables à notre équilibre psychique. Autant de « petites déconnexions », simples à adopter, qui nous permettent de rester connectés au monde moderne sans oublier de nous connecter à nous-même.

 

3 questions à Camille Sereis, « diffuseuse de bien-être » en entreprise …

  1. Sous le nom de Pausitive, vous intervenez notamment en entreprise. Les écrans sont-ils les ennemis de notre corps ?

Ils nous exposent à une pollution digitale, induisent de mauvaises postures corporelles – à la maison également, avec les écrans mobiles – et provoquent souvent une mauvaise circulation dans les jambes, à force de rester en position statique. La partie de notre corps qui en pâtit le plus restant le dos et, plus précisément, la nuque et les trapèzes, d’ailleurs très sollicités durant les périodes de confinement et le télétravail. Sans compter le facteur stress qui se répercute sur l’organisme.

  1. Vos interventions consistent à inviter chacun à se faire du bien…

Si nous sommes contraints de passer une majorité de notre temps devant les écrans, les maux que ceux-ci occasionnent ne sont pas une fatalité. Il existe des gestes simples d’automassage qui permettent de se détendre. Et des exercices de spirothérapie, ou respiration contrôlée, qui donnent de l’énergie ou, en fin de journée, apaisent. Des techniques à la portée de tous.

  1. Pourriez-vous nous proposer trois exercices pour réconcilier notre corps avec les écrans ?

Pour dénouer les tensions au niveau de la nuque : je saisis celle-ci avec les deux mains en cuillère, menton légèrement baissé, et je fais des mouvements de la tête « oui-oui », « non-non ». Puis j’exerce des pressions à la base de la nuque avec les pouces, que j’utilise ensuite comme des essuie-glaces, en lissant.

Pour détendre le dos : assis(e) au bord de la chaise, je joins et retourne les mains, doigts croisés, et je tends les bras tout en arrondissant le dos comme pour toucher le dossier de la chaise.

Pour me rééquilibrer : avec l’arête de mes doigts, je frotte le plexus solaire pour le détendre jusqu’à ressentir de la chaleur.

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