Recruter davantage de seniors au sein des entreprises va s’avérer nécessaire
Les salariés français considèrent en moyenne que 60 ans est l’âge idéal de départ à la retraite, mais 1 personne sur 3 souhaite travailler au-delà de l’âge légal de départ à la retraite qui est actuellement de 62 ans.
Le taux d’emploi des 55-64 ans français est l’un des plus bas d’Europe et de l’OCDE.
40% des dirigeants d’entreprise ne prévoient pas d’embaucher des personnes de plus de 45 ans dans les prochains mois. 18% n’en ont d’ailleurs jamais recruté.
Au cœur de l’actualité politique et économique française, l’âge de départ en retraite suscite de nombreux débats et polémiques. Comment les Français perçoivent-ils leur date théorique de départ en retraite ? Souhaitent-ils travailler au-delà de cette date ? Quels sont les freins rencontrés ? Dans sa dernière étude menée avec OpinionWay, Indeed a interrogé des salariés et des dirigeants d’entreprise français au sujet des seniors en entreprise et de leur fin de carrière.
Les dirigeants d’entreprise sont plus enclins à garder les salariés après l’âge légal de retraite, que les salariés ne le sont à rester
Interrogés sur l’âge idéal de départ en retraite, les salariés répondent en moyenne 60 ans et les dirigeants d’entreprise, 62 ans. Deux ans plus tard que du point de vue des salariés, mais dans tous les cas un âge inférieur aux 65 ans prévus par le gouvernement pour sa prochaine réforme des retraites.
78% des dirigeants aimeraient conserver leurs salariés au-delà de l’âge légal de départ en retraite (alors que seuls 48% des salariés pensent que leur entreprise aimerait les garder plus longtemps), et 61% de ces dirigeants pensent que leurs salariés seniors aimeraient travailler après l’âge légal de départ. Un souhait largement surestimé, car parmi les salariés, 31% expriment cette envie – même si cela représente tout de même près d’1 salarié sur 3, ce qui est loin d’être négligeable. D’ailleurs, même si tous n’en ont pas forcément envie, 50% des salariés estiment qu’ils pourraient accepter de travailler pour leur entreprise plus longtemps (sous conditions pour 39%).
Ces chiffres montrent qu’au-delà des idées reçues sur les seniors en fin de carrière, une part significative aimerait travailler plus longtemps que “prévu”, et un groupe encore plus large pourrait envisager de le faire.
Le taux d’emploi des plus de 55 ans en France est l’un des plus bas de l’OCDE
Pourtant, dans les faits, la France figure parmi les “mauvais élèves” en ce qui concerne l’emploi des seniors, avec un taux d’emploi de 56,8% des 55-64 ans au deuxième trimestre 2022 contre 64,4% au Royaume-Uni, 73,7% en Allemagne et 62,9% comme moyenne des pays de l’OCDE – pour ne citer que ces exemples. De son côté, la Dares fait état pour 2021 (en France) d’un taux d’emploi de 75,1% chez les 55-59 ans, qui s’étiole considérablement après 60 ans pour atteindre 35,5% des 60-64 ans.
“Ce taux d’emploi est évidemment impacté par l’âge légal de départ à la retraite, plus bas en France que dans la plupart des pays européens. Ce faible taux représente une perte de production pour l’économie et de cotisations pour le système de protection sociale, qui doit de surcroît verser plus de prestations”, explique Alexandre Judes, économiste au sein du Hiring Lab d’Indeed. “Une réforme des retraites, qu’elle agisse sur l’âge légal et/ou le nombre de trimestres pour bénéficier du taux plein, devra s’accompagner d’un changement d’approche vis-à-vis des seniors en entreprise pour éviter que les plus de 60 ans ne se retrouvent au chômage ou en préretraite”, ajoute-t-il.
Des réticences à embaucher les plus de 45 ans encore bien trop prégnantes
En effet, c’est notamment au niveau du recrutement des seniors que le bât blesse. Impossible de viser un taux d’emploi supérieur sans faire tomber les freins qui ont la vie dure du côté des recruteurs. Si ceux-ci se montrent ouverts à l’idée de conserver leurs seniors plus longtemps dans l’emploi, ils ne le sont pas tant face à l’éventualité d’en recruter de nouveaux. Seuls 60% indiquent avoir l’intention de recruter quelqu’un de plus de 45 ans dans les prochains mois, et 18% confessent n’en avoir jamais recruté jusqu’à présent. 26% confient également que face à des CV équivalents, ils privilégieraient un candidat de moins de 45 ans. Une approche très paradoxale puisqu’ils sont 68% à estimer que les plus de 45 ans ne sont pas assez valorisés dans le monde professionnel français, et qu’à 45-50 ans on est à l’apogée de sa vie professionnelle.
Afin de favoriser l’emploi des seniors, l’Institut Montaigne vient justement de publier un rapport détaillé avec 7 propositions économiques et sociales prioritaires.