Qu’est-ce que le leadership génératif ?

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Leaders, prenez le manche du développement technologique en plaçant la création de ressources pour la planète, les autres humains et les sociétés au cœur des décisions de développement technologique.

Par Fanny Potier-Koninckx , Partner & Director, Boston Consulting Group

Le développement technologique va vite, très vite. Plus vite que nous humains ne savons digérer le changement. On peut être optimiste et on se doit de l’être car « il faut vivre avec son temps ». Si l’on se concentre sur l’IA, elle apporte des bénéfices aux collaborateurs mais elle fait peur. Pourtant, selon une étude récente BCG/MIT Sloan Management Review, 60% des personnes utilisant l’IA la considère comme un collègue à l’usage. Les salariés travaillant dans des entreprises qui investissent dans l’IA pour améliorer des décisions opérationnelles ont 1,5 fois plus de chance de valoriser l’IA que ceux d’entreprises qui ne le font pas. Il faut néanmoins rester très vigilants sur les risques de débordement, en matière de contrôle des données, de qualité des outputs, de manipulations et d’éthique.

Qu’est-ce que le leadership génératif ?

Il s’agit d’un leadership orientant son impact vers la création de ressources pour les humains, pour les sociétés et pour la planète dans un modèle actionnarial, où les investisseurs attendent un retour financier. Avoir tous ces intérêts à cœur crée des paradoxes et des tensions mais c’est sur le chemin critique de la pérennisation.

C’est un leadership qui fonctionne réellement en équipe – la pression, la vitesse et la complexité des transformations, l’incertitude sur le futur, sont trop fortes pour définir des stratégies dans un modèle égotique (le mythe du « héros qui résout tous les problèmes » appartient au passé). Ce sont des leaders qui cherchent à représenter toutes les parties prenantes dans les prises de décision et qui intègrent des points de vue latéraux et disruptifs dans l’analyse de problèmes nouveaux et complexes. Plus que jamais, les tensions créatrices liées à la diversité de points de vue sont nécessaires dans les prises de décision pour inventer des usages technologiques qui soient créateurs de valeur pour les humains, la planète et les sociétés, tout en étant éthiques.

En équipes, les leaders génératifs équilibrent leur action à trois niveaux :

  • La tête pour définir la stratégie et réinventer leur modèle d’affaires, en intégrant notamment la technologie dans celui-ci, dans une optique de bénéficier à toutes les parties prenantes.
    • L’intelligence artificielle est un bon complément de « tête ». Elle permet par son ultra granularité et son instantanéité de détecter des tendances émergentes parmi une grand nombre de données, que l’on ne saurait détecter avec l’œil humain. Elle nourrit les prises de décision stratégiques, dans un état du monde très volatile et incertain.
  • Le cœur, pour offrir une expérience riche et inspirante aux collaborateurs, dimension la plus à renforcer aujourd’hui dans l’action des leaders.
    • Accompagner les changements liés à l’IA avec du cœur, est essentiel :
      • Engager sur le sens d’une telle transformation en expliquant les bénéfices tangibles pour les individus,
      • Ecouter avec empathie pour comprendre et adresser les peurs des individus,
      • Mettre des moyens pour développer les compétences, réduire l’anxiété et permettre un usage optimal de la technologie,
      • Impliquer les dirigeants, dont les responsabilités sont également fortement affectées, et qui doivent montrer l’exemple en utilisant eux-mêmes l’IA.

Prenons un exemple concret : l’automatisation d’un poste n’a jamais fait rêver personne. En revanche, diminuer la pénibilité, pouvoir se développer via l’IA sont autant d’opportunités à créer, expliquer et accompagner en termes de développement.

  • Les mains, en donnant aux équipes opérationnelles les moyens de définir de manière granulaire les impacts liés à l’introduction de l’IA en matière d’usages, de modes de travail, de routines. Concrètement, cela signifie distribuer le pouvoir de décider, créer les conditions pour que les équipes s’investissent de cette responsabilité déléguée et permettre l’expérimentation à large échelle en autorisant le droit à l’erreur, car nous sommes au début de la courbe d’apprentissage.