Laurent Aufils, DRH – Orange Business « On ne cherche pas simplement à recruter des experts, mais à construire des parcours de long terme »

6 min de lecture

La technologie transforme en profondeur les modes de vie les entreprises doivent conjuguer performance digitale et attention humaine. Directeur des Ressources humaines et de l’Expérience salariés d’Orange Business, Laurent Aufils incarne cette conviction que la réussite technologique passe d’abord par la confiance et le développement des femmes et des hommes qui la portent.

Par Léa Masseguin

Allier excellence technologique et environnement de travail humain. Comment ces deux dimensions se conjuguent-elles au quotidien ?

Nous avons la chance d’évoluer dans des domaines technologiques de pointe : le cloud, l’intelligence artificielle, la cybersécurité ou encore le quantique. Ces expertises exigent un haut niveau de compétence et beaucoup de curiosité elles se construisent dans la durée. C’est pourquoi nous mettons l’accent sur l’accompagnement et la formation continue.
Notre enjeu est d’être une entreprise profondément humaine et attentionnée. Dans un secteur où tout bouge très vite, il est essentiel de soutenir nos collaborateurs, de leur permettre de développer leurs compétences, mais aussi de préserver leur équilibre entre vie professionnelle et personnelle. L’excellence technologique ne peut exister sans un environnement où chacun se sent reconnu, soutenu et écouté. Cet équilibre fait notre force.

Dans un secteur où la guerre des talents est particulièrement forte, en quoi cette approche renforce-t-elle votre attractivité ?

Être à la pointe des technologies attire naturellement des profils passionnés. Mais ce qui
« Il est essentiel de soutenir nos collaborateurs, de leur permettre de développer leurs compétences, mais aussi de préserver leur équilibre entre vie professionnelle et personnelle. »
nous différencie, c’est notre engagement dans la durée. Nous avons inscrit dans notre plan stratégique la montée en compétences de 5 000 collaborateurs sur les nouvelles technologies. Peu d’entreprises le font à cette échelle. Cela prouve qu’on ne cherche pas simplement à recruter des experts, mais à construire des parcours de long terme.
Orange Business n’est plus seulement une entreprise de télécommunications : aujourd’hui, nous sommes un partenaire clé dans la transformation numérique des entreprises, avec des projets mêlant cloud, IA, cybersécurité et data. Cette évolution crée un véritable terrain d’apprentissage et de progression. Les collaborateurs ne viennent pas pour deux ou trois ans : ils bâtissent une trajectoire professionnelle, avec des perspectives concrètes d’évolution.

S’agissant de l’équilibre vie professionnelle / vie personnelle, comment accompagnez-vous concrètement les collaborateurs dans cet équilibre ?

Nous avons été parmi les premières entreprises à signer un accord sur le télétravail flexible deux à trois jours par semaine et à proposer un temps partiel aidé pour les proches aidants. Ces dispositifs répondent à des besoins très concrets, et ils sont plébiscités : nos baromètres internes montrent qu’environ 82 % des collaborateurs se disent satisfaits de leur équilibre vie pro/perso.
Mais cet équilibre ne repose pas uniquement sur la flexibilité : il s’appuie aussi sur la dynamique collective. Certains, notamment parmi les plus jeunes, ont envie de retrouver l’énergie du travail d’équipe. C’est pourquoi nous avons lancé des initiatives réunissant des collaborateurs de plusieurs pays autour de défis communs.
Nous avons aussi développé de grandes communautés techniques dont une sur l’IA qui compte plus de 9 500 membres sur 31 000 salariés. Ce sont des espaces d’échanges créés et animés par les salariés eux-mêmes. On y apprend, on y partage, on teste, on contribue. C’est un formidable levier de motivation et de cohésion intergénérationnelle.

Comment chacun peut-il construire un parcours aligné avec ses aspirations ?

Nos métiers évoluent à toute vitesse. Certaines technologies, comme la 2G, ont disparu, tandis que d’autres le cloud, l’IA, le quantique explosent. Notre responsabilité est d’accompagner ces transitions, pour que personne ne se retrouve « hors jeu ».
Dans notre plan stratégique 2023, nous nous étions fixé l’objectif de former 5 000 collaborateurs et de délivrer 20 000 certifications. Nous avons dépassé ces chiffres : plus de 6 000 salariés formés et 22 000 certifications obtenues. Ces parcours permettent d’accéder à de nouveaux métiers, d’explorer d’autres univers techniques, et parfois même de changer complètement de voie.
Nous avons aussi lancé le programme « Vis ma vie », qui permet à un collaborateur de passer quelques jours dans une autre équipe pour découvrir un métier ou une technologie. S’y ajoutent des mini-bilans de compétences, des forums métiers, autant d’occasions d’oser se projeter autrement.
Les certifications sont un puissant levier de reconnaissance : elles valident le savoir-faire, renforcent la confiance et donnent envie d’aller plus loin. Je pense à cette ancienne assistante de direction devenue acheteuse grâce à un accompagnement sur mesure. Ce genre de réussite montre que tout est possible.

La tech est parfois perçue comme individualiste. Vous, vous insistez sur le collectif…

Absolument, car le travail d’équipe est devenu indispensable. Aucune technologie ne se suffit à elle-même : nos offres combinent plusieurs briques cloud, cybersécurité, IA et exigent des expertises croisées. La valeur naît de la collaboration.
Nous faisons donc évoluer notre organisation pour favoriser les passerelles entre métiers et encourager la coopération. Cela permet à chacun d’élargir son champ de compétences, de travailler avec d’autres expertises et de mieux comprendre la chaîne de valeur globale. C’est une richesse incroyable, et un moteur fort d’engagement.

Quels leviers utilisez-vous pour faire évoluer le rôle du manager ?

Le manager n’est plus seulement un expert technique, c’est avant tout un chef d’orchestre. Son rôle est de faire travailler ensemble des profils variés, de donner du sens et de créer un climat propice à l’apprentissage. Il doit accompagner la montée en compétences, favoriser l’autonomie et encourager l’expérimentation.
Un exemple concret : nous avons eu la chance de collaborer avec Microsoft avant le lancement de Copilot. Des managers et leurs équipes ont participé aux tests, ce qui leur a permis d’expérimenter de nouveaux modes de travail et d’en tirer des enseignements concrets. Ce genre d’expérience montre bien que le rôle managérial est désormais plus proactif, tourné vers le développement collectif plutôt que la seule gestion opérationnelle.

Quelles sont vos priorités RH pour les prochaines années ?

Notre priorité est de continuer à faire vivre cet équilibre entre excellence technologique et attention humaine. Le secteur de la tech évolue très vite, parfois de manière cyclique. Nous devons donc accompagner nos collaborateurs dans la durée, leur donner les moyens de s’adapter et de rebondir.
Nous voulons rester une entreprise profondément humaine, inclusive et apprenante. Cela passe par la diversité, l’égalité des chances, la formation et un vrai engagement sur la qualité de vie au travail.
Notre ambition est claire : que chacun puisse grandir dans l’entreprise tout en contribuant à sa transformation.