L’oeil de … Isabelle Giordano

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Depuis 40 ans, BNP Paribas renferme l’une des plus importantes fondations d’entreprise, se distinguant par un engagement de long terme et de proximité avec une approche investie et incarnée. Isabelle Giordano, déléguée générale de la Fondation et responsable du mécénat du groupe, partage ses engagements, mettant en lumière la cohérence de ses valeurs avec celles de l’entreprise. 

Par Anne-Cécile Huprelle

La Fondation BNP Paribas est pleinement intégrée à une direction de l’engagement : la philanthropie semble donc être une composante essentielle de l’activité globale de l’entreprise… Comment se traduit-elle au sein des collaborateurs ?  

Le COVID a vraiment été une révolution pour tout le monde. Le monde entier a notamment dû adapter son organisation du travail et ne quasiment plus circuler, mais cela a également été une révolution intérieure : la connaissance des limites de la planète, de la fragilité des êtres humains et de la nécessité, surtout, d’entraide. Le besoin de sens et qui plus est, le besoin de solidarité dans les entreprises s’est davantage manifesté. Pour en revenir au mécénat, une entreprise, au travers de sa fondation, peut avoir un réel impact sur la société et peut faire beaucoup pour soutenir des acteurs, notamment pour favoriser l’égalité des chances, financer des projets de recherche sur la biodiversité et le changement climatique, ou encore soutenir la création et l’accès à la culture comme le fait la Fondation BNP Paribas. Les collaborateurs eux-mêmes se mobilisent, sont volontaires et impliqués. Nous comptons plus d’un millier de mentors et ils sont tout aussi nombreux à contribuer, sur leur temps de travail, à l’effort des associations au travers d’un programme d’engagement solidaire ou encore à porter bénévolement des projets associatifs que nous sommes fiers de soutenir chaque année. Quand ils viennent travailler le matin, ils peuvent observer que leur propre entreprise agit en faveur des transitions justes et durables.

En quoi cette philanthropie
stimule-t-elle les collaborateurs ? 

L’engagement des collaborateurs de BNP Paribas est particulièrement fort et d’ailleurs régulièrement souligné par plusieurs de nos partenaires. Par exemple par le président de Médecins Sans Frontières. Il y a quelque chose de différent dans la culture de cette entreprise. Depuis sa création, il y a 40 ans, la Fondation BNP Paribas donne du sens et incarne l’engagement d’entreprise en identifiant, en rassemblant et en soutenant des personnalités et des projets à impacts dédiés à la solidarité, à l’environnement et à la culture. La philanthropie est un levier, un outil extrêmement puissant. La création d’une Direction de l’Engagement en 2017, est venue renforcer cette raison d’être.  BNP Paribas est par exemple l’entreprise de France qui a le plus grand nombre de mentors et beaucoup de salariés font du mécénat de compétences. 

Dans votre « vie d’avant », lorsque vous animiez des rendez-vous populaires dans les médias, vous vous distinguiez par une formidable empathie. Est-on si loin de la philanthropie ? 

Je suis restée la même et je fais un métier quasiment similaire. Il y a 20 ans, mon besoin était de transmettre, expliquer, faire comprendre le monde tel qu’il est, et de contribuer à résoudre les fractures de la société. C’est ce que l’on fait tous les jours quand on arrive sur un plateau ou à l’antenne en tant que journaliste. Aujourd’hui, tous les matins, quand j’arrive à mon bureau, je réponds exactement aux mêmes questions. D’autant plus que je m’appuie sur des banquiers et sur le groupe qui de façon plus large a un rôle de financeur, d’employeur et d’acteur de la vie locale. BNP Paribas est la première banque européenne et c’est justement cette responsabilité qui nous transcende en tant que collaborateurs de l’entreprise. J’attache beaucoup d’importance aux déplacements en région : une banque, au niveau local, est à la fois capable de financer un grand groupe comme un entrepreneur d’une petite ville. C’est vraiment ce que l’on appelle « être au milieu du village », le banquier est au cœur de la cité et donc, à un bon poste d’observation pour voir ses évolutions et ses besoins. De même, il rentre dans l’intimité des familles, il est intéressant de voir à quel point il peut être dans cette capacité de dialogue. J’ai le sentiment qu’on vit dans une société de défiance où les gens se méfient les uns des autres. Donc, recréer du lien me paraît primordial et je m’appuie au quotidien sur cette force. 

D’où la signature : « donner du pouvoir à ceux qui agissent ». 

Tout à fait. On repère ceux capables de trouver des solutions parce que, effectivement, le monde va mal, mais les solutions existent. Que ce soient des solutions via des initiatives sur le climat, des solutions via des acteurs de la solidarité, grâce à l’innovation sociale ou les artistes. Au sein de la Fondation BNP Paribas, notre priorité est de leur donner les moyens d’agir, avec la conscience du changement systémique, agir à la racine, agir avec une méthodologie qui nous est propre. Nous avons récemment célébré le 40ème anniversaire de la Fondation BNP Paribas, au total ce sont plus de 4000 projets soutenus et deux millions de bénéficiaires. La Fondation a toujours été reconnue pour son accompagnement sur un temps long. Pour ne citer que quelques exemples, la Fondation est aux côtés de l’AFEV depuis 1996, du Samu Social depuis 2012 ou encore de la trompettiste Airelle Besson depuis 2019. C’est un mécénat engagé et audacieux qui nous pousse à accompagner des projets innovants et des domaines peu ou pas soutenus. 

Vous parlez de poste d’observation. Quelles sont les priorités de la Fondation BNP Paribas aujourd’hui et sont-elles en accord avec les urgences sociétales ? 

Historiquement, nous pouvons citer le soutien à la création artistique, au cœur du mécénat culturel de notre Fondation. Rapidement, les engagements sociétaux sont devenus indispensables pour défendre l’égalité des chances notamment pour les jeunes, les femmes et les réfugiés au travers de l’insertion et de l’éducation. De même pour les problématiques environnementales, où nous soutenons la recherche scientifique sur le changement climatique et l’érosion de la biodiversité. Au-delà des secteurs prioritaires il y a surtout des moyens d’agir prioritaires. Il faut recréer des espaces de dialogue, de mixité sociale où on peut se parler sereinement. La politologue Chloé Morin a observé que l’entreprise est un lieu où on arrive avec nos différences mais où on peut conserver le dialogue et coconstruire. La conscience de travailler ensemble, de travailler à une société plus apaisée, cela se fait souvent dans l’entreprise qui retrouve un rôle quasi républicain, pas seulement citoyen. C’est aussi le rôle d’une fondation : il faut réfléchir à des projets de société, des projets humanistes, apporter un éclairage aux citoyens. Un exemple concret : on a récemment fait un don à une ONG en Tunisie, présidée par Michelle Obama, qui s’occupe de l’éducation des jeunes filles. Je suis convaincue que plus on développe l’éducation, notamment celle des jeunes filles, plus on aide au développement économique. C’est prouvé que dans tous les pays, que ce soit en Afrique, en Inde, etc., faciliter leur éducation entraîne, 5 ou 10 ans plus tard, une croissance économique accrue. 

J’en viens à l’un des grands
programmes de la Fondation BNP Paribas, le Projet Banlieues …

L’idée est de donner, chaque année, de l’élan aux associations locales de proximité. À travers ce projet, nous soutenons les associations qui agissent en faveur des Quartiers Prioritaires en leur offrant un accompagnement personnalisé, ainsi qu’un soutien financier pouvant aller jusqu’à 5 000 euros par an pendant 3 ans pour chaque association sélectionnée. Ce projet philanthropique est inédit en France, il soutient les associations qui interviennent dans des domaines divers tels que l’accès à l’éducation (soutien scolaire, alphabétisation, insertion par la culture, inclusion numérique, accompagnement à la citoyenneté, sensibilisation environnementale, etc.), l’accès à l’emploi (insertion professionnelle, formation professionnelle, mentorat, etc.), ou encore l’amélioration du vivre ensemble (actions interculturelles et intergénérationnelles, amélioration du cadre de vie, inclusion numérique, création de lien social, solidarité de proximité, aménagement du territoire, transformation écologique, etc.). .l