Les « détravailleurs » refusent de reproduire le modèle de leurs parents.

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Intimés très tôt, certains ordres latents ont influencé des générations dans leur travail. Ces injonctions avec lesquelles nous devions composer autrefois sont de plus en plus désuètes. Tour d’horizon.

 

Par Stéphane Roger , Executive coach et créateur de TEDxVaugirardRoad

Issues de la sphère personnelle, les injonctions d’enfance ont un impact majeur sur notre manière de travailler.

En voici trois exposées brièvement[1]. Certaines vous parleront probablement plus que d’autres.

 

« Ne réussis pas »

Cette injonction est fréquente, même si elle est à l’opposé de la volonté consciente du parent. Quand l’enfant échoue, le parent peut donner l’impression de se réjouir (rire ou sourire), ou l’enfant reçoit plus d’attention quand il rate (et perçoit une forme de plaisir du parent), ou encore le parent critique ouvertement ceux qui réussissent.

Cela peut donner l’impression de ne jamais avoir ce à quoi on aspire, aller jusqu’à l’auto-sabotage : se tromper d’adresse ou de date pour un entretien, ne pas postuler à un poste plus important, etc.

La prise de conscience permet de mettre l’injonction à distance et d’aller revisiter cet endroit.

Rappel : si on reçoit l’interdiction de réussir, c’est qu’on en est capable !

 

« Ne te réjouis pas »

Elle est présente dans un contexte où la peine, la douleur sont valorisées, dans des familles qui ont vécu de grands malheurs. La joie semble presque blasphématoire, l’enfant sent bien que se réjouir n’est pas bienvenu.

Cela amène à être toujours insatisfait : de ce diplôme, ce travail, de cette augmentation. Il se peut aussi que l’on ait honte de ce plaisir qu’on ne s’accorde pas. C’est un problème, car se réjouir redonne l’énergie pour avancer, affronter la difficulté à venir.

Pour sortir de cette injonction, rappelez-vous que le plaisir est une émotion légitime et importante, qu’éprouver le plaisir n’attire pas le malheur, et ne rend personne malheureux.

 

« Ne dépends pas »

Elle est transmise par un discours sur la nécessité d’être indépendant (souvent financièrement), ou indirectement par une attitude parentale où l’enfant dérange. Il doit se débrouiller seul, est rejeté par le parent ou en vit la défaillance. Il intègre alors qu’être dépendant est dangereux.

Ces personnes savent très bien se débrouiller seules, mais sont en stress dès qu’elles sont en dépendance. Pour éviter cela, elles peuvent alors travailler jusqu’à l’épuisement. Déléguer ou travailler en équipe est angoissant.

Se rendre compte de ce mécanisme permet de comprendre qu’il n’y a pas nécessairement de danger. De toute façon ces personnes gardent leurs compétences et seront toujours autonomes.

[1] Pour une description plus complète et détaillée, consulter Pour quoi je suis fait ?, de I. Constant, C. Lanzmann et S. Roger , Vuibert, pp. 81-98. Les autres injonctions sont : « ne sois pas proche », « ne grandis pas », « ne ressens pas », « ne sois pas important », « ne dis pas ta pensée », « ne fais pas », « ne fais pas confiance », « n’appartiens pas ».