Le Covid a plus impacté les collaboratrices

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La crise a affecté la performance et menacé l’équilibre vie professionnelle-vie personnelle de l’ensemble des salariés, et particulièrement les femmes, les parents et les aidants. Les études à l’appui de ce constat sont nombreuses.

Par Fanny Potier-Koninckx , directrice associée au Boston Consulting Group

La crise a affecté la performance et menacé l’équilibre vie professionnelle-vie personnelle de l’ensemble des salariés, et particulièrement les femmes, les parents et les aidants. Les études à l’appui de ce constat sont nombreuses.

 

Pour n’en citer qu’une, réalisée par le BCG et Ipsos en février 2021 : 31 % des salariés travaillent plus souvent le soir tard ou le week-end et 70 % des personnes interrogées se trouvent fréquemment en situation d’anxiété. À noter que les femmes sont 1,3 fois plus susceptibles que les hommes de se trouver dans une telle situation.

 

D’autre part, les préférences vis-à-vis du travail évoluent en profondeur. Selon une autre étude conduite par le BCG et Cadremploi en octobre 2020, les aspirations à la flexibilité se renforcent à tous les niveaux de la relation employeur-salarié : 78 % des répondants plébiscitent un modèle hybride, mêlant télétravail et présence au bureau, et 80 % d’entre eux souhaitent s’orienter vers un modèle leur permettant de choisir partiellement ou totalement leurs horaires. Les femmes sont 8 % de plus que les hommes à formuler un tel souhait.

 

Les conséquences à tirer de ces études pour les salariés et les employeurs sont à lister selon trois temporalités…

À court terme

Ces constats appellent à une prise de conscience renouvelée de l’état de fragilité psychologique des salariés en sortie de crise, en particulier pour ceux qui sont parents. Parmi eux, les femmes, qui assument encore une part prépondérante des tâches familiales, se retrouvent, de surcroît, 1,5 fois plus souvent que les hommes en situation de famille monoparentale. Renforcer les mesures d’accompagnement est plus que nécessaire pour permettre un retour serein au travail. Pensons aux dispositifs d’écoute et de soutien psychologique, à la répartition lissée des charges de travail ou aux horaires flexibles. Il est important de s’appuyer sur les managers, car ils sont la meilleure vigie pour réduire les risques de souffrance au travail dans les périodes où l’anxiété est prépondérante…

À moyen terme

Ces enseignements invitent à une remise en question profonde de l’organisation du travail pour introduire plus de flexibilité dans un cadre néanmoins collectif, qui reste le ciment de l’entreprise. Offrons plus de latitude aux salariés pour choisir les éléments d’expérience au travail qui correspondent le mieux à leur situation personnelle. Par exemple : « J’ai des enfants et je vis en ville », « mon job demande une présence chez mes clients mais aussi des moments de réflexion », « je m’implique dans les questions environnementales et je souhaite un vélo de fonction pour aller au travail », « je fais attention à ma couverture santé car je porte des lunettes et mes enfants ont besoin d’orthodontie ».

À long terme

Face à l’obsolescence rapide des compétences et à un futur incertain, l’apprentissage en continu est une responsabilité collective pour développer la résilience et la capacité de chacun à rebondir en cas de crise. Plus que jamais, les entreprises sont appelées à appuyer leurs salariées et leurs salariés en leur laissant l’autonomie et le temps nécessaires pour se former, et en affectant des moyens financiers et humains à cet objectif.