L’absentéisme en entreprise en baisse de 24% sur un an

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L’absentéisme, rapport entre le nombre de jours calendaires d’absence et ceux qui sont travaillés, est un phénomène courant en entreprise qui, à l’aune de la crise sanitaire, s’est aggravé ces deux dernières années. Cette tendance se manifeste en effet dans de nombreuses organisations, quel que soit le secteur d’activité et les affecte profondément, notamment vis-à-vis de la répartition de la charge de travail, des besoins en recrutement, de l’engagement des salariés et in fine, de la performance. Dans ce contexte, APICIL, 3ème groupe français de protection sociale, publie son 1er Observatoire des arrêts de travail et étudie les ressorts de l’absentéisme. Mené auprès de 53 000 entreprises, soit près de 1 million de salariés sur la période 2020-2021, les résultats rendent compte de réalités disparates en fonction des secteurs d’activités, du type de population, de la qualification ou encore de la catégorie socio-professionnelle des personnes interrogées.

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Un taux global d’absentéisme en baisse

Les années 2020 et 2021 ont été marquées, en France et dans le monde, par une crise sanitaire majeure. Celle-ci a eu un impact direct sur l’activité des entreprises et la santé des salariés, et s’est traduite en 2020 par un pic d’absentéisme de 6,55%, particulièrement marqué lors du 1er confinement où le recours à l’arrêt de travail a été un outil choisi par le législateur pour limiter la propagation de l’épidémie de Covid-19 en octroyant des arrêts de travail pour les cas-contact et dans les cas de garde d’enfants à domicile. Un an après les effets de cette crise sanitaire se sont estompés : en 2021 en effet, le taux d’absentéisme des salariés est de 4,97%, faisant état d’une diminution de près de 24 % par rapport à l’année précédente. De la même manière, la part des collaborateurs ayant déclaré un arrêt de travail en 2021 a également baissé, passant de 34% à 29%, soitune diminution de 15%. Pour autant, même si une tendance générale à la baisse s’observe, les arrêts de travail sont légèrement plus longs avec une durée moyenne de 22,04 jours en 2021 contre 21,29 jours en 2020.

En 2021, si 92% des arrêts de travail sont liés à la maladie, les maladies professionnelles sont le motif pour lequel les durées d’arrêts sont les plus longues : 163 jours contre 139 jours en 2020, soit une hausse de 17%. Les motifs qui sont à l’origine du plus d’arrêts sont le temps partiel thérapeutique, c’est-à-dire l’aménagement temporaire de la durée du travail permettant de reprendre progressivement une activité professionnelle (2,9 arrêts), c’est le motif qui enregistre la plus forte évolution en augmentation de 11,23% par rapport à 2020, suivi de la maladie (1,65 arrêt) et de la maladie professionnelle (1,24 arrêt).

Une reprise des accidents de travail mais des accidents de trajet en baisse

Après une année 2020 marquée par l’arrêt de l’activité dans de nombreux secteurs, la fréquence des accidents de travail est repartie à la hausse en 2021 (+5%). Néanmoins, la fréquence d’accidents de trajet a baissé (-5%), ainsi que la durée des arrêts qui en découle (-9%). Cela s’explique probablement par le déploiement massif du télétravail entraînant une diminution des trajets domicile / travail et par l’instauration de nouvelles organisations du travail dans certains métiers (travail hybride, mise à disposition d’espaces de co-working…).

Les femmes, les salariés à faible qualification et ceux ayant le plus d’ancienneté sont les plus touchés par l’absentéisme

En 2021, les personnes les plus à risques face à l’absentéisme, tant en volume qu’en durée des arrêts, sont :

  • Les collaborateurs ayant plus de 10 ans d’ancienneté : une durée moyenne de 30,54 jours et un taux d’absentéisme de 7,43%
  • Les salariés à faible qualification : une durée moyenne de 24 jours et un taux d’absentéisme de 7,35%
  • Les femmes : une durée moyenne de 22,64 jours et un taux d’absentéisme de 5,29%

Un point d’attention doit être porté concernant les populations non seniors : la durée des arrêts est en augmentation de 7,8% chez les salariés de 40-49 ans et les taux d’absentéisme, même s’ils baissent significativement, restent supérieurs à la moyenne globale chez cette même population (5,35% en baisse de 25%), ainsi que chez les 30-39 ans (5,13% en baisse de 27%).

Le secteur de l’industrie et du BTP enregistre le taux d’absentéisme le plus haut en 2020 (7,98%) et 2021 (6,12%), suivi par celui de l’économie sociale, la santé et l’éducation (6,11%) qui enregistre quant à eux les arrêts de travail les plus longs (25,24 jours en 2021). Ces métiers ont été, pour la plupart, en premières lignes durant la crise sanitaire et sont particulièrement touchés par les maladies professionnelles avec de nombreux cas de TMS (Troubles musculosquelettiques).

Si tous les secteurs ont vu leur taux d’absentéisme s’améliorer entre 2020 et 2021, ce sont les entreprises du secteur des services aux entreprises qui ont vu cet indicateur baisser le plus fortement (-39,68%). A noter que tous les secteurs ont été concernés par l’augmentation de la durée moyenne des arrêts entre 2020 et 2021, à l’exception de celui des services aux entreprises qui se stabilise (-1,07%). C’est le secteur des services à la personne qui a connu la hausse de durée la plus significative (+14%).

« La crise sanitaire que nous avons traversée a bouleversé le rapport au travail de nombreux salariés et accéléré certains phénomènes latents au sein de l’entreprise, comme l’absentéisme et les maladies socio-professionnelles. En tant qu’acteur de santé et prévoyance, nous avons le devoir d’éclairer ces phénomènes de société afin d’accompagner les entreprises et les branches professionnelles dans leurs démarches en qualité de vie au travail, de prévention et de lutte contre l’absentéisme. C’est précisément l’objet de cet Observatoire des arrêts de travail, que nous avons souhaité dresser en complément d’une étude sur la perception de la prévoyance chez les dirigeants d’entreprise. L’ensemble des résultats issus de ces deux rapports se nourrissent mutuellement et nous confortent sur une conviction : la question de la santé au travail, particulièrement pour les populations estimées les plus fragiles et fragilisées par la période d’incertitude en cours, doit devenir un pan à part entière des politiques RH menées au sein des organisations. » estime Thomas Perrin, Directeur Général Adjoint Santé et Prévoyance du Groupe APICIL.