LA STORY DE… LEGO La petite brique qui concurrence le numérique

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Les premiers jouets du groupe danois sont sortis, il y a près d’un siècle, de l’atelier d’un menuisier. Aujourd’hui l’entreprise compte parmi les principaux fabricants de jouets au monde tout en affichant des valeurs et un mode de management ludique et ouvert. Un véritable cas d’école.

Par Olivier Marbot

En 2014, lorsque sort sur grand écran le premier long-métrage La Grande Aventure Lego, les enfants sont aux anges. La bande-annonce est prometteuse : en plus des petits personnages au visage jaune, ils vont assister aux exploits de leurs héros préférés, dont le fabricant danois a depuis quelques années acquis les licences. Batman, Wonder Woman sont à l’affiche !

 

Si tous les ingrédients destinés aux petits sont bien là, le film, totalement déjanté, fleure bon le mauvais esprit, et son humour puise aussi bien dans le détournement des icônes de la pop culture que dans la satire politique et la provocation punk.

 

Détournement, satire et punk dans un film destiné aux petits ? Oui, et c’est bien ce qui justifie le terme de « miracle ». Car en 2014, le groupe Lego n’a plus rien à prouver à personne. Après un passage à vide au début des années 2000, il s’est remis sur les rails, vient d’afficher dix années consécutives de résultats en croissance, dispute à Mattel le premier rang mondial des fabricants de jouets et figure dans le peloton de tête de tous les classements des « marques les plus puissantes ».

Le groupe Lego n’a pourtant pas hésité à jouer avec son image, confiant la réalisation du film à des cinéastes réputés pour leur esprit iconoclaste et les laissant maîtres de leurs choix artistiques. Une démarche osée, mais bien dans la manière d’une entreprise dont la déjà longue histoire est faite de hauts et de bas, de coups du sort et de coups de génie, de paris risqués et, parfois, ratés.

 

Tout a débuté en 1916, dans un village danois du nom de Billund. Cette année-là, le menuisier Ole Kirk Christiansen ouvre son premier atelier. Il aide à bâtir des maisons et fabrique des meubles qu’il vend aux agriculteurs des environs jusqu’à ce que survienne un premier coup dur : en 1924, le local est ravagé par un incendie. L’entreprise rebondit – elle le fera toujours, tout au long de son histoire : Christiansen reconstruit des locaux plus vastes et profite d’un soudain engouement des enfants danois pour le yo-yo pour produire ses premiers jouets. Nous sommes alors en 1932.

 

En 1934, le nom Lego est adopté. Il s’agit d’une abréviation de leg godt, qui signifie « bien jouer », en danois. La légende assure que Christiansen découvrira des années plus tard que Lego est aussi un terme latin qui se traduit par « j’ai mis ensemble ». Durant la même décennie, le fils du menuisier, Godfred Kirk Christiansen, rejoint l’entreprise familiale, dont l’activité se concentre de plus en plus sur la fabrication de jouets.

 

Il faut attendre les années 1940 pour voir apparaître la fameuse brique Lego et, une fois encore, tout commence par un coup du sort. Au début de la décennie, l’usine du groupe brûle à nouveau. La famille décide alors de ne plus fabriquer que des jouets. Mais l’heure est encore au bois lorsque, au cours d’un voyage en Angleterre, Godfred rencontre par hasard un commercial local qui lui parle des possibilités offertes par les nouveaux procédés de production de matières plastique, des évolutions du marché du jouet et surtout du succès naissant d’un tout nouveau jeu de construction utilisant des pièces autobloquantes, baptisé Kiddicraft. Un jeu développé par une psychologue pour enfants et censé détenir des vertus pédagogiques. En 1947, les Christiansen parviennent à se procurer quelques échantillons des fameuses briques en plastique et sont immédiatement conquis. Ils en sont convaincus : l’avenir du marché du jouet est là.

Durant les années qui suivent, Lego va améliorer et peaufiner la conception des briques, changeant de matière première puis ajoutant, à l’intérieur, des cylindres qui permettent d’assurer un meilleur assemblage des pièces. C’est finalement le 28 janvier 1958 que le brevet de la brique Lego telle qu’on la connaît encore aujourd’hui est déposé.

 

En 1960, toutefois, l’entreprise est encore une fois victime d’un incendie qui dévaste la partie de l’usine consacrée à la fabrication de jouets en bois. C’en est assez, se disent les Christiansen : ils ne produiront plus que du plastique. Le développement, dès lors, ne fait que s’accélérer. Les premiers modèles à roues apparaissent en 1961, bientôt suivis de notices de montage. Auparavant, les boîtes ne contenaient que des briques, et on comptait sur l’imagination de l’enfant pour faire le reste. Le fameux train motorisé est lancé en 1966, et en 1969 apparaît Duplo, une gamme destinée aux tout-petits mais dont les grosses briques, coup de génie, sont compatibles avec les éléments « classiques » du reste de la gamme. Un an plus tôt, en 1968, le premier parc Legoland a ouvert ses portes à Billund, là où tout a commencé.

 

La gamme Lego Technic voit le jour dans les années 1970, tout comme les premières boîtes à thèmes (Moyen Âge, western, espace…). En 2003 toutefois, le groupe subit un coup d’arrêt et enregistre, pour la première fois depuis longtemps, des pertes de plusieurs millions d’euros. Crise de croissance, analysent alors les spécialistes : Lego a vu trop grand et a cru pouvoir tout faire, lançant livres, vêtements, nouveaux parcs d’attractions…

 

Un nouveau PDG est nommé et décide de recentrer l’activité sur le métier de base, supprimant plusieurs centaines de postes au passage. Les parcs à thème sont revendus, même si Lego conserve un petit tiers du capital afin de garder un œil sur leur gestion. La croissance repart de plus belle, et les bénéfices s’envolent à nouveau, portés par l’ouverture au marché chinois, le lancement d’un réseau de plus en plus dense de boutiques et l’acquisition tous azimuts de nouvelles licences : Star Wars, Indiana Jones, Batman, Harry Potter, Super Mario…

 

En 2020, les ventes ont encore progressé de 21 %, le bénéfice net de 19 %. Et Lego, plus que jamais, affirme tenir bon sur ses valeurs : l’engagement pour l’environnement, l’inclusion, le soutien aux « communautés ». Parmi les nouveautés de l’année : le premier prototype de brique fabriquée à partir de plastique recyclé, un investissement de 400 millions de dollars en faveur des enfants et, bien sûr, un effort renouvelé à destination des salariés eux-mêmes. Lego développe en interne des programmes en faveur de la parité et de la diversité sous toutes ses formes, en particulier un kit aux couleurs du drapeau arc-en-ciel appelé « Tout le monde est génial ».

 

Les employés du groupe, les managers en particulier, sont appelés à ne pas oublier que le domaine d’activité de l’entreprise est le jeu et que l’esprit ludique doit, du moins en théorie, prévaloir partout. Un « Play Day » annuel est d’ailleurs organisé, au cours duquel tous les membres du personnel, direction générale comprise, cessent de travailler une journée pour jouer ensemble avec les petites briques multicolores. Et si en plus cela leur permet de développer de meilleures relations de travail, voire d’imaginer les concepts qui feront les succès de demain, alors tout sera, comme le chantent les petits personnages du film de 2014, « vraiment génial ».

 

 

LEGO :  

Des briques pour animer vos réunions

 

Pour animer un groupe de travail, des facilitateurs de Coca-Cola, de la NASA ou de Google utilisent des LEGO pour libérer l’énergie des employés et stimuler leur créativité. La méthode s’avèrerait efficace pour contourner les réunions traditionnelles où les employés écoutent passivement leur manager, parfois sans participer à l’élaboration d’objectifs communs.

La méthode LEGO®SERIOUSPLAY® est un processus de réunion, de communication et de résolution de problèmes qui peut être appliquée en entreprise. Les collaborateurs  sont guidés à travers une série de questions. Chaque participant construit son propre modèle LEGO en réponse aux questions de l’animateur en utilisant des briques spécialement sélectionnés. Ces modèles servent ensuite de base à la discussion de groupe, au partage des connaissances, à la résolution de problèmes et à la prise de décision.

Au cours de réunions animées, les salariés construisent des modèles de paysage avec des éléments LEGO, ils leur donnent un sens à travers la création d’histoires et jouent  divers scénarios. Un processus qui approfondit la compréhension, affine la perspicacité et « lie » le groupe. La méthodologie guide les personnes dans un échange d’opinions , la construction pratique permet d’avoir des conversations libres.

 

Le programme LEGO®SERIOUSPLAY® est conçu pour être suivi par un groupe de 10 à 12 personnes, avec un kit de démarrage pour des ateliers de 3 à 5 heures.

Le kit comprend : des briques LEGO et  DUPLO, paysages, personnages, animaux, fenêtres, arbres, pièces de figurines, globes, échelles et clôtures. Un grand choix de plaques de base. 3 bacs de tri en plastique orange