La question du bien-manger s’attable en entreprise

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Faire de l’alimentation vertueuse une norme de la qualité de vie au travail : utopie ou réalité ? Le modèle de l’espace professionnel
comme lieu de prévention et d’éducation à la nutrition commence à inspirer

Par Frédérique Jacquemin

S ’il faut s’évertuer à le répéter, bonne santé et bien manger sont intrinsèquement liés. En s’imposant comme l’un des principaux repas de la journée, la pause déj sur le lieu de travail s’invite donc spontanément à la table des entreprises. D’abord, en tant qu’enjeu de santé publique majeur, puisque près d’un Français sur deux soufre de surpoids ou obésité1 . Un phénomène qui ne cesse de croître et qui engendre – ou aggrave – de nombreuses maladies chroniques invalidantes. Mais aussi comme enjeux de taille en termes de bien-être des collaborateurs, de leur productivité et de leur rentabilité, des facteurs que la nutrition version malboufe impacte de façon sournoise, se répercutant sur le nombre de jours d’arrêts maladie et d’accidents du travail.

Selon les acteurs du Programme national nutrition santé (PNNS), référence gouvernementale pour les entreprises qui s’engagent dans ce sens, « investir dans la mise en place d’actions de nutrition peut être amorti par la diminution du nombre de ses jours d’absence ». Un indissociable de la QVT De quoi inciter les employeurs à déployer la carte du bien-manger à l’égard de leurs collaborateurs. L’Étude Ifop2 menée en septembre  2022 pour le compte de la «  cantine gourmande et engagée  » Foodles (certifée B Corp à la rentrée), start-up qui propose depuis 2015 des solutions foodtech aux entreprises et collectivités de plus de 50 salariés, révèle que 67 % des répondants évaluent l’importance du moment repas sur leur bien-être à 7 sur 10, quand 3 salariés sur 4  pensent  que l’ofre de restauration a un  impact positif sur l’attractivité de la structure, autant pour  recruter de nouveaux talents que pour fdéliser les efectifs en place. La pratique du prix juste (en moyenne 8,20  € pour la formule entrée-plat-dessert), pour laquelle 64  % des sondés se montrent titilleux, et l’importance de manger des plats équilibrés et de qualité, centrale pour 55 % d’entre eux, se dégagent comme deux critères majeurs de l’étude. De l’exception à la démocratisation Si la majorité des salariés pense que « le restaurant d’entreprise peut être et doit être un levier de santé publique  », se doter d’un espace de restauration n’est pas le seul plat que l’entreprise peut afcher au menu de sa mission de sensibilisation au bien-manger.

Cycles de conférences, ateliers pratiques pour les collaborateurs, documents de sensibilisation… sont autant de dispositifs qui s’inscrivent dans le champ des possibles. L’Oréal, Sodexo ou Orange, par exemple, l’ont bien compris. Reste que ces initiatives inspirantes pour aider ses collaborateurs à mieux comprendre ce qu’ils mangent font encore trop souvent fgure d’exception. Pour les encourager, l’Observatoire Spinoza, entité qui publie des études qui croisent les diférents champs de la société et la thématique du bonheur, préconisait, dans son étude « Santé positive3  », qu’«  un bilan nutritionnel annuel, remboursable par la sécurité sociale ou les mutuelles, pourrait être une mesure forte pour démocratiser la mise en place d’une alimentation favorable à la santé et au bien-être des collaborateurs  ». De son côté, Clément Bonhomme, cofondateur de Foodles, publiait une tribune en mars dernier suggérant de « faire de l’entreprise un “territoire de santé” » en imposant le « mieux-manger » comme norme à part entière de la qualité de vie au travail. Convaincu du rôle clé qu’ont les entreprises dans le domaine, le « transformateur » de la restauration collective en entreprise souligne la nécessité de les accompagner pour répondre aux besoins des salariés dans le contexte économique actuel. L’objectif étant que les solutions de restauration proposées sur son lieu de travail ne soient plus perçues comme des faveurs mais bien comme des acquis sociaux. l