Great Place To Work : cette certification qui vous veut du bien

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Depuis vingt ans, la branche française de la société américaine Great Place to Work accompagne les entreprises souhaitant construire une expérience collaborateur de qualité. Elle a publié en avril son palmarès annuel des Best Workplaces France, qui met en avant les organisations où règne une forte culture de confiance. Jullien Brezun, directeur général, nous éclaire sur ses objectifs, ses méthodes et ses résultats.

Par Julien Morello

L’histoire de Great Place To Work remonte au début des années 1980, lorsque les journalistes américains Robert Levering et Milton Moskowitz font le tour des États-Unis à la demande d’un éditeur pour établir le classement des 100 meilleures entreprises du pays où il fait bon travailler. Publié en 1984, cet ouvrage est un premier pas vers un projet encore plus ambitieux, mené en partenariat avec la prestigieuse Wharton School de l’université de Pennsylvanie : modéliser de manière scientifique les raisons qui font qu’une entreprise devient un acteur positif. « Ils se rendent comptent, en modélisant cela, nous raconte Jullien Brezun, directeur général de la branche française depuis 2019, que le facteur clé de l’expérience collaborateur de qualité, c’est la confiance. » Il en ressort un questionnaire permettant de mesurer le taux de confiance dans une entreprise, qui servira de méthode à la société créée en 1992 par les deux journalistes, implantée aujourd’hui dans 60 pays, dont la France depuis 2002.

 

Pour être labellisé, il faut obtenir 65 % de réponses positives

« L’objectif du questionnaire est de comprendre comment se structure la culture de confiance dans l’organisation, précise Jullien Brezun. La confiance, ça ne se décrète pas, ça se construit étape par étape, il faut donc entrer dans une dynamique permettant de la construire. » Ce questionnaire, adressé à l’ensemble des collaborateurs, permet ainsi d’établir « un temps zéro, un point zéro qui vous dit quel est l’état des lieux. Ce qui se mesure s’améliore, se pilote, se suit, et c’est donc très important d’avoir un indicateur », poursuit Jullien Brezun. Appelé Trust Index, cet état des lieux s’articule autour de cinq piliers qui font « une vraie culture de confiance » : la crédibilité, l’équité, le respect, la fierté et la convivialité. Les réponses à ces 60 questions sont ensuite compilées, analysées et partagées avec le top management de l’entreprise, puis avec l’ensemble des managers et des salariés. Pour comparer les résultats de chaque entreprise à ceux de la population générale, Great Place To Work réalise également un sondage annuel auprès de 5 000 salariés français, appelé Great Insights : « En moyenne, un salarié sur deux nous dit qu’il travaille dans une entreprise plutôt “bien”. Pour être labellisé Great Place To Work, il faut en être à deux sur trois. »

 

Viser une amélioration continue

Accompagné d’un audit managérial centré autour de cinq thématiques – confiance, potentiel de chacun, efficacité du leadership, valeurs, innovation –, ce questionnaire permet à Great Place To Work d’établir une série de recommandations pour aider l’entreprise à améliorer l’expérience collaborateur. « Elles peuvent choisir de le faire elles-mêmes, de se faire accompagner, de développer une expertise à droite, à gauche, ou d’avoir recours à des consultants », précise Jullien Brezun. Great Place To Work référence ainsi une liste d’entreprises partenaires qui proposent « des solutions qui nous paraissent pertinentes ». « Notre enjeu, c’est que les entreprises se mettent en mouvement », poursuit le directeur général. « Il n’y a pas de boîte parfaite. Il y a toujours des éléments d’amélioration, et donc des critiques à entendre. C’est pour cela que c’est vraiment courageux de la part des entrepreneurs, des dirigeants et des dirigeantes, d’avoir recours à nos services pour être diagnostiqués. » Pour Jullien Brezun, il est essentiel que cette démarche soit réalisée chaque année, de manière continue : « Il nous semble hyper-important que chaque entreprise s’engage dans la durée. »

 

Les éléments d’une Best Workplace

Parmi les 338 sociétés ayant postulé cette année, 137 ont été certifiées, et les 93 meilleures d’entre elles, qui ont obtenu 85 % de réponses positives en moyenne, ont intégré le palmarès 2022 des Best Workplaces France. Selon Jullien Brezun, ce qui fait une Best Workplace, « c’est d’abord une organisation qui met l’équité de traitement, selon l’âge, le genre, l’orientation sexuelle, à un très haut niveau. C’est un préalable non négociable absolu qu’on retrouve dans toutes les entreprises labellisées ». C’est aussi « une organisation qui prend en compte le collaborateur dans son intégralité », et « qui fait le pari d’une culture managériale de qualité, très éthique, très transparente en matière de communication, avec une approche construite sur un management de proximité renforcée ». C’est enfin une organisation « où le niveau d’entraide et de solidarité est fort », et où « l’initiative, le droit à l’erreur et l’innovation » sont valorisés : « Quand vous êtes dans une grande culture de confiance, vous êtes en capacité de prendre des risques et de tenter des choses pour essayer que cela s’améliore un petit peu. »

 

Des retombées chiffrables

Si le directeur général tient à se montrer « très humble » face aux éléments permettant de mesurer l’impact d’une telle labellisation sur le succès économique et social des entreprises, certains indicateurs semblent montrer que les résultats d’une telle démarche sont au rendez-vous. Il en est ainsi de l’absentéisme : « En moyenne, l’absentéisme français est un peu au-dessus de 5 %, alors qu’il se situe plutôt à 3,2 % dans les Great Places To Work, ce qui est très important. » Les sociétés labellisées attirent également beaucoup plus de talents et observent une forte croissance de leur attractivité : « Selon nos chiffres de 2020, une entreprise Great Place To Work reçoit cinq fois plus de candidatures spontanées. » « C’est une immense tendance, les gens se renseignent », poursuit Jullien Brezun, qui ne manque pas, lui non plus, de sonder chaque année ses propres collaborateurs et collaboratrices à travers son Trust Index : « L’année dernière nous avons eu 81, donc ce n’est pas parfait mais ce n’est pas mal. Nous metonst beaucoup d’énergie pour progresser, nous sommes vraiment dans cette logique d’amélioration continue. »