Femmes au travail ou les jeux de dames

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Sur le plateau des femmes au travail, quelles sont les règles du jeu ?

Par Saphia Larabi , directrice des publications de la Fabrique Spinoza, experte auprès d’Académie Spinoza

Les filles sont meilleures à l’école et pourtant elles sont moins présentes dans les filières scientifiques ou sélectives,  à caractéristiques et diplômes identiques aux hommes. Elles ont 30 % de chances en moins de devenir cadres, quand elles atteignent ce poste, pour une même heure de travail, elles sont payées 24% moins qu’un collègue masculin. Et  pourtant elles osent et créent leur entreprise (en 2015, 40% des entreprises individuelles créées par des femmes), mais elles lèvent 2,5 fois moins de fonds qu’un créateur d’entreprise.

La case maman (et les femmes représentent 84% des parents en tête de famille monoparentale) est parfois confondue avec la case prison. Et la case départ en retraite, rajoute un tour de jeu avec en moyenne une année de travail en plus.

Les jeux sont faits. Mais être femme signifie-t-il nécessairement jongler avec une somme d’injonction contradictoire ? Qui est le maître du jeu ?

Ce jeu n’est évidemment pas féminin.

Ces messieurs aussi sont de la partie La Fabrique Spinoza, a été coauteur d’un livre paru chez Eyrolles démontrant les bénéfices de la mixité tant pour les femmes que pour les hommes.12 dirigeants d’entreprises ont témoigné de leurs engagements et de leurs résultats. Le terrain de jeu évolue ! Comment faire jouer les dirigeants ? En leur parlant « business case » et « plaidoyer économique ».

Depuis 2007 McKinsey proclame la mixité en entreprise en levier de performance économique et financière. Dans son étude Femmes d’affaires et femmes cadres de 2019, le Bureau International du Travail rend compte d’une enquête réalisée auprès de 13.000 entreprises au sein de 70 pays et affirme que, au-delà de l’impact sur l’image de marque, la mixité est une source de productivité, d’attraction et préservation des talents, de créativité, d’innovation et d’ouverture d’esprit. Continuons de jouer. Lors de la crise des subprimes, les banques dirigées par des femmes avaient moins souffert de la crise économique mondiale de 2008 et, fort de ce constat, le secteur expérimenta une augmentation de 15 à 33% de la gouvernance féminine des grandes banques.  D’autres clament que les pays dirigés par les femmes auraient mieux gérer la pandémie. Peut-être en ce que l’arrivée d’une femme à un tel rang de pouvoir témoigne d’une société déjà changée. La féminisation de la gouvernance est en cours. Continuons de jouer.

Pour gagner des points, la femme doit-elle nécessairement changer sa donne et jouer masculin ? Il y a-t-il deux codes ? Le masculin : hiérarchique, directif, rationnel, à court terme et un féminin plus affectif centré sur l’écoute, la compassion et le partage ? Il se dit que les femmes dirigeantes prennent des décisions plus consensuelles, démocratiques et partagées, de manière plus prudente et organisée. C’est peut-être vrai, cela étant cette distinction fait-elle sens ? Ma conviction est que le management actuel, qu’on le veuille ou non, se transforme de toute façon par ces valeurs dites féminines qui irriguent l’entreprise, tant et si bien que certain, et l’ex Amiral Lajous DRH de la Marine nationale l’ose, parle d’un mangement par l’Amour.

 

En somme, le statut de femme au travail est un jeu d’équilibriste. Gardons le cap, la tête haute, les yeux fixés sur l’horizon de notre intention, pour avancer pas à pas vers cette société égalitaire qui se rapproche. Démasquons les préjugés et biais cognitifs pour lutter contre les croyances et autres a priori culturels. L’Indice de Reykjavik pour le leadership, créé lors du Sommet Mondial des Femmes Dirigeantes, permet désormais de mesurer les ressentis à l’égard des femmes leaders avec l’objectif d’atteindre le score complet de 100. Et la partie sera gagnée !