Dividende salarié : véritable bonne idée ou simple proposition électorale ?

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« Dividende » et « salarié » : voilà deux mots qui n’ont pas vocation à être accolés l’un à l’autre. En effet, le dividende est une rémunération destinée à récompenser le risque pris en capital par un investisseur. Le salaire, quant à lui, vient récompenser la bonne tenue d’un poste, les compétences acquises et l’expérience. Il est fort probable que le choix des mots provienne d’une volonté politique de réconcilier les patrons actionnaires avec leurs salariés faisant de la lutte des classes un sujet d’un autre temps.

Par Fabien Lucron , Directeur Marketing et Communication de Primeum.

Il est difficile de ne pas souscrire à cette idée du partage de la valeur. Lorsqu’une entreprise gagne de l’argent, elle le doit en partie à la compétence, l’engagement et le sérieux de ses collaborateurs. Mais aussi à une gestion saine, à une politique commerciale adaptée, à sa capacité d’innovation… la liste est longue.

L’intérêt d’un tel dispositif, outre la possible réconciliation entre les détenteurs du capital et les salariés, est qu’il permet de verser des primes qui sont globalement moins fiscalisées pour tous. Du côté du salarié, le fait de comptabiliser les versements en dividendes permet de bénéficier de la flat tax de 30% qui comprend le forfait social et l’impôt. Par ailleurs si le salarié décide de le laisser sur son PEE pendant 5 ans il bénéficie d’une exonération totale d’impôt. Côté entreprise, l’avantage est tout aussi attractif puisqu’elle ne serait soumise qu’au forfait social bien plus avantageux que les charges qu’elle paye sur les salaires. Les syndicats patronaux pensent déjà à demander une diminution significative de ce forfait en contrepartie de la mise en place du dispositif de dividendes salariés.

Reste à savoir si la formule de calcul de la réserve spéciale de participation doit évoluer, c’est elle qui permet de calculer l’assiette de ce qui sera versée. M. Lanxade avance une proposition audacieuse qui supprimerait le coefficient 0.5 de la formule, ce qui mécaniquement doublerait l’enveloppe.

Parions qu’un premier pas consisterait déjà à généraliser la pratique de la participation dans toutes les entreprises et que son poids évoluera dans le temps.

Dans ces temps pour le moins chahutés, toute mesure susceptible de proposer une hausse du pouvoir d’achat ne peut qu’être accueillie favorablement si elle respecte les équilibres économiques des entreprises. En revanche, n’oublions pas que la motivation des salariés s’acquière au quotidien, pas seulement sur des critères financiers, mais qu’il conviendra de penser le package salarial en le répartissant intelligemment entre rémunération fixe, variable, avantages en nature, participation et intéressement. Chaque compartiment ne produisant pas les mêmes effets, il convient de les utiliser à bon escient.