Comment vaincre sa timidité quand on devient manager ?

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58% des salariés appréhendent d’occuper un poste de direction par crainte de s’exprimer devant un public. La timidité des collaborateurs en entreprise est un frein à leur montée en compétence à des postes de direction et d’encadrement. Les timides sont persuadés de ne pas avoir les compétences pour être de bons leaders. Pourtant, les timides ne sont pas forcément de mauvais managers et ont beaucoup à apporter à l’entreprise. Dès lors, comment concilier timidité et leadership en entreprise ?

Par Louis Ducret , Responsable du Développement, Whistcom

Le timide, c’est celui qui manque d’aisance et d’assurance dans ses rapports avec autrui. Il se laisse souvent submerger par ses émotions et peut en perdre ses moyens. Pourtant, ce n’est pas antinomique avec une présence forte et une fonction de manager. Un certain nombre d’acteurs ou de chanteurs sont de grands timides. Par exemple, Jacques Brel était connu pour être malade de trac avant de monter sur scène, jusqu’à vomir. Cela ne l’empêchait pas d’habiter la scène avec beaucoup de talent, d’émotion et de présence.

 

La timidité se traduit habituellement par de l’angoisse, des rougeurs, de la transpiration, le manque de salive, le cœur qui bat, la confusion d’esprit et la peine à trouver les mots… Un ensemble de marqueurs par lequel votre corps vous informe d’une situation d’inconfort.

 

Comme beaucoup des limites que nous rencontrons, nous ne pouvons pas la supprimer, mais nous pouvons apprendre à la gérer. C’est le cas pour la timidité. Si on s’entraîne, on réduit la zone d’incertitude, source d’angoisse.

 

En ce sens, chez Whistcom, nous avons développé la méthode SPORT. C’est un ensemble de réglages à effectuer pour réussir une prise de parole. Pour un timide, c’est très rassurant car cela lui donne des repères pour se placer dans l’espace et utiliser son corps (ça jalonne son chemin). Il apprend à bien positionner ses pieds, ses mains, et à bien utiliser son regard, son sourire, et bien user du silence pour gagner en impact.

 

Après, pour ce qui est de l’ordre de la gestion brute des émotions, nous accompagnons nos clients avec une équipe d’experts sophrologues afin qu’ils apprennent à envisager les choses de façon positive et qu’ils puissent vaincre leur timidité. Il y a une vraie progression possible.

 

Enfin, l’oral se travaille à l’oral. Si une prise de parole, en raison de sa timidité, est un exercice difficile, alors il faut s’entraîner à voix haute. Dans l’idéal, on peut même se filmer et regarder sa prestation. C’est ce que nous faisons dans nos parcours, et c’est très efficace. Il faut apprivoiser son image. C’est en se regardant qu’on prend pleinement conscience de l’effet qu’on donne, qu’on peut gommer ses défauts et qu’on peut gagner en confiance.

 

Quels sont les avantages des timides aux postes d’encadrement et de direction ?

Chez Whistcom, quand nous formons nos clients à la prise de parole, nous les mettons toujours en garde contre ceux qui sont trop à l’aise et sûrs d’eux. En effet, leurs prises de parole peuvent facilement devenir des monologues autocentrés et devenir vite agaçant pour l’auditoire. Au contraire, nous enseignons la logique empathique, qui consiste à considérer que la STAR, c’est celui qui est en face (c’est-à-dire le public, celui à qui on s’adresse).

 

Lorsqu’on est timide, on évite plus facilement cet écueil. Un peu mal-à-l’aise pour se dévoiler, les timides vont rarement faire de longs monologues. Au contraire, ils vont être plus bref et concis. C’est une vraie force au quotidien.

 

Ce qui amène souvent à une autre qualité : les timides écoutent et observent plus qu’ils n’occupent l’espace. Or la capacité d’écoute est un pilier du management. Surtout actuellement où le management vertical et descendant est de plus en plus mal vécu, au profit d’un management plus horizontal. Finalement, cette capacité à l’écoute est fondatrice de l’empathie. Or, on sait à quel point cette vertu est absolument centrale dans l’accompagnement des hommes.

 

Enfin, une dernière qualité est évidement le travail. Une personne peu sûre d’elle, spécialement pour une prise de parole, a tendance à sécuriser la situation par un travail de préparation beaucoup plus fort. Et in fine, cela permet des interventions plus pertinentes.

 

 

Quels sont les bons conseils à suivre ?

 

Une fois qu’on a pris conscience de ses limites et qu’on veut les dépasser, il existe des outils concrets et pratiques. Chez Whistcom, nous avons 3 conseils pour les timides :

 

Tout d’abord, il faut faire des exercices de relaxation en travaillant sur la respiration par exemple, ce qui permet de réduire la tension musculaire du corps et de vous relaxer avant votre intervention.

 

Ensuite, il faut pratiquer la visualisation positive. Cela consiste à visualiser intérieurement l’évènement de prise de parole comme s’il était fini et avait été un franc succès. On conditionne ainsi son cerveau qui entoure ces évènements de marqueurs positifs. Dès lors, on arrive à l’évènement réel bien plus détendu.

 

Enfin, la timidité peut révéler une peur profonde fondée sur le regard de l’autre. Il faut se former et suivre des parcours sur plusieurs séances afin de travailler sur ses valeurs, ses besoins et sur ses croyances de fond.