Vie professionnelle : apprendre à savoir dire non pour un meilleur équilibre de vie

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On en parle peu, mais l’engrenage du «oui», c’est aussi dépanner les collègues ou les proches en rendant service, tout en minimisant notre charge de travail actuelle. C’est donc, subtilement mais sûrement, glisser vers un risque d’épuisement, d’où l’importance de savoir se protéger dans différentes situations, des plus simples au plus délicates. Apprendre à dire non est un apprentissage quotidien et progressif.

Par Julia Néel Biz , CEO et co-fondatrice de teale.

Apprendre à se situer 

Pour apprendre à se situer vis-à-vis d’une situation, il est conseillé dans un premier temps de s’observer soi-même. D’ordinaire, comment dites-vous non ? Avez-vous la voix hésitante ? Puis, d’analyser les différentes situations du quotidien. Au travail, réussissez-vous à dire non à un manager qui en demande trop ? Déclinez-vous lorsqu’un collègue veut boire un verre après le travail alors que vous préférez vous reposer ? Dans la vie personnelle, parvenez-vous à dire non à un vendeur insistant par exemple ? C’est en s’observant qu’on peut apprendre à se situer et à comprendre quelles sont les pensées qui alimentent cette propension à ne pas pouvoir dire non.

Identifier les pensées qui empêchent de dire non

Parfois, il est possible d’avoir ce qu’on appelle en psychologie des «pensées automatiques», qui sont des pensées limitantes qui empêchent de dire non. Ces pensées automatiques sont généralement des préjugés, des fausses croyances qu’on nourrit sur nous et les autres. Elles se déclenchent la plupart du temps sans même qu’on s’en rende compte . Voici l’exemple d’une pensée limitante très fréquente : «Pour dire non, je dois me justifier, je dois expliquer pourquoi je ne veux pas.» Pour y répondre, il est possible de développer ce qu’on appelle des «pensées facilitantes». Ces pensées facilitantes sont au contraire des pensées qui vont favoriser l’action et qui vont aider à dire non. Ce sont des pensées positives qui vont s’opposer bénéfiquement aux pensées limitantes.

Pour la pensée limitante

«Pour dire non, je dois me justifier.», une pensée facilitante serait au contraire de se dire «Non, ce n’est pas vrai, je peux refuser sans donner de raison à mon interlocuteur». Il est important d’être à l’écoute de ses pensées limitantes, puisqu’elles définissent les futures pensées facilitantes qui permettront de passer à l’action ! Si refuser n’est jamais réjouissant, il est tout à fait possible de le dire délicatement tout en respectant votre interlocuteur et votre intégrité. Un refus n’évolue pas au conflit lorsque la relation est équilibrée. Dire “non” n’est pas dire “dire non à la relation”, ni à l’affection portée à l’autre.

Maîtrisez les techniques de refus

Apprendre à dire non de la bonne manière, c’est prendre position sans être ni passif ni agressif. S’affirmer permet de respecter la relation, en plaçant ses propres besoins et envies au même niveau que ceux de votre interlocuteur. Dire non lorsqu’on en ressent le besoin, au risque de parfois contrarier, favorise donc deux configurations indispensables à toute relation de qualité : l’authenticité et la réciprocité.

Il existe une technique en cinq étapes très efficace et éprouvée pour savoir dire non :

1. Dire tout simplement non d’emblée. Curieusement, cette étape suffit dans 80 % des situations concernées !

2. Appliquer la méthode du disque rayé et dire «non» une seconde fois suffira souvent à s’extirper de nombreuses situations. Si l’étape 1 et 2 n’ont pas suffi, rendez-vous à l’étape 3.

3. Ajouter de l’empathie au discours en se mettant à la place de l’interlocuteur qui se trouve dans une situation inconfortable du fait du refus.

4. Exprimer ses propres émotions en communiquant votre inconfort suite à votre réponse négative.

5. Si aucune des étapes précédentes suffisent, il faut stopper la conversation et / ou quitter la pièce.

Gérer les situations délicates : la manipulation et l’agressivité Il est délicat de refuser lorsqu’on est face à un manipulateur ou à une personne agressive. Se protéger est indispensable, d’autant plus que ce genre de situation est difficilement appréhendable lorsqu’on n’y est pas finement préparé. Lors de ce type de demande, l’interlocuteur n’est pas vraiment direct. En général, un message caché implicite est perçu et met mal à l’aise sans trop savoir pourquoi : la demande véhicule deux messages qui ne sont d’ordinaire pas au même niveau. Il est alors important de pouvoir recadrer l’interlocuteur en distinguant les différents messages cachés de la demande. Au-delà de la manipulation, il est tout aussi épineux de s’affirmer face à une personne agressive. Une demande peut être qualifiée d’agressive lorsque l’interlocuteur hausse le ton, manque de respect, parle fort, ou se montre trop insistant. Dans ce cas, il est conseillé d’appliquer ce qu’on appelle le refus de forme. Si la personne est agressive dans sa demande, il est recommandé de refuser de poursuivre la conversation tant que l’agressivité de l’autre est toujours présente.