Reprendre la main sur sa vie

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Gérer sa vie est loin d’être simple. Depuis plus de quinze ans, Cédric Bruguière, consultant en ressources humaines, a appliqué et développé des outils innovants. Il en partage quelques-uns avec nous.

Par Jérôme Ballarin , président de l’Observatoire de la qualité de vie au travail et de la société 1762 Consultants

Pourquoi avoir entrepris la rédaction de cet ouvrage ?

L’idée m’est venue en 2017. Lorsque mon épouse, Marlène Schiappa, a pris ses nouvelles responsabilités professionnelles à 200 km de notre domicile, j’ai dû assumer mes fonctions au sein de la DRH du Groupe Carrefour tout en m’occupant pleinement de nos deux filles. J’ai alors fait face à une multitude de tâches familiales et personnelles en plus du professionnel à gérer. Cette situation m’a conduit à rechercher les meilleurs outils pour clarifier mes priorités et agir plus efficacement. Ce qui m’a amené in fine à quitter mon employeur et, plus tard, à me lancer en tant que consultant indépendant. Par la suite, j’ai utilisé ces mêmes outils dans mon activité de conseil afin d’aider des managers à mieux appréhender certains enjeux professionnels. Constatant à quel point ces outils avaient été bénéfiques pour mon propre équilibre et pour mes clients, j’ai eu envie de les partager avec le plus grand nombre à travers ce livre.

 

Si vous deviez ne retenir que trois outils dans votre ouvrage, lesquels choisiriez-vous ?

Tout d’abord, Le mind mapping, qui permet de coucher sur le papier l’ensemble des actions à réaliser, de cartographier ses idées et d’être plus efficace quand on passe à l’action. Le getting things done, qui permet de traiter efficacement l’arrivée de nouvelles tâches, en respectant par exemple la « règle des deux minutes » consistant à faire tout de suite quelque chose qui prend moins de deux minutes, comme écrire un mot d’amour à quelqu’un ou payer la cantine des enfants, plutôt que de toujours reporter cette action à plus tard. Enfin, l’ikigaï, mot japonais qui évoque ce qui fait le sel de l’existence, ce qui donne envie de se lever le matin. Cette approche repose sur un équilibre entre quatre sphères : faire ce qu’on aime, ce dans quoi on est bon, ce qui est utile pour le monde, et enfin, ce qui nous rapporte des moyens de subsistance. Cet outil peut aussi bien s’appliquer à un niveau individuel qu’organisationnel.

Ainsi, chacun de nous doit s’écouter pour éviter de franchir la limite du supportable. Se connaître, prendre du temps pour soi et identifier ses propres valeurs permet de bien choisir les projets dans lesquels on va s’investir. Ensuite, il est souhaitable de noter à l’avance dans son emploi du temps les activités qui nous apportent le plus de bien-être. Par exemple, si l’amitié représente un essentiel, planifier un moment entre amis une fois par semaine.

 

La préface de votre ouvrage est signée par Marlène Schiappa, dont on connaît l’engagement pour l’égalité femmes-hommes. Votre ouvrage s’adresserait-il plus aux femmes qu’aux hommes ?

Les enjeux de charge mentale et de conciliation entre vie professionnelle et vie personnelle, que l’on dédie souvent à un lectorat féminin, intéressent les hommes de plus en plus. La vie de famille, le bien-être affectif ou la pratique d’un sport sont des sujets mixtes désormais. Les hommes comme les femmes veulent mieux gérer leur temps afin de se réaliser dans d’autres sphères que la seule sphère professionnelle. Et le premier confinement n’a fait qu’accélérer le phénomène, en amenant beaucoup de pères à s’investir davantage dans la sphère familiale et domestique, notamment avec l’école à la maison.

Pour un dirigeant d’entreprise désireux d’améliorer la qualité de vie au travail et le « management de soi », quel serait l’enseignement clé de votre livre ?

Dans le quotidien d’un dirigeant, cela commence par dialoguer avec les gens pour mieux les connaître et les comprendre, pour cerner également les domaines dans lesquels l’entreprise peut ou ne peut pas agir, au risque d’être intrusive. En effet, si l’entreprise a tout intérêt à se préoccuper des sujets d’équilibre de vie, elle doit garantir la meilleure qualité du travail possible pour ses employés, mais elle ne doit pas s’immiscer dans leur vie personnelle. Elle doit donc se positionner en facilitation, en accompagnant la mise en relation de ses collaborateurs avec des associations et des partenaires externes qui peuvent les aider.

Pendant la crise liée au Covid, certains enjeux ont pris de l’ampleur et sont venus percuter de plein fouet le monde du travail, comme la parentalité ou la question des aidants familiaux. Par ailleurs, les Français ont changé leur regard sur leur existence et se sont posé beaucoup de questions. Ils aspirent plus que jamais à de meilleurs équilibres, c’est-à-dire à exercer un métier où ils se réalisent tout en gardant la possibilité de s’épanouir dans d’autres dimensions.

 

 

Cédric Bruguière

Après avoir fait ses premières armes dans des cabinets de recrutement, Il a rejoint la DRH France de Carrefour, où pendant dix années il a endossé les casquettes de RH opérationnel et de chef de projet outils, process et méthodes en recrutement, gestion des carrières et talent management.

Aujourd’hui consultant en transformation et développement RH, il est l’auteur de Je manage ma vie, préfacé par Marlène Schiappa (éditions Eyrolles, 2021).